Les Hikikomoris : pathologie ou angoisse lucide ?

Les Hikikomoris : pathologie ou angoisse lucide ?

Un article rédigé par Soukayna Abdouni et Yasmine Zamani

La littérature sur le phénomène Hikikomori est encore quelque peu limitée en Occident. Peu de chercheurs non japonais écrivent sur cette question. Afin de mener à bien notre étude, nous sommes partis d’articles de presse, d’essais, de reportages et de documentaires sur le sujet, à la fois “orientaux “ et “occidentaux”. Nos recherches ont pour but d’étudier les points communs entre les différents cas individuels de Hikikomoris et de déterminer les causes de ce phénomène, ainsi que ses conséquences à la fois sur l’individu, sur son cercle proche et sur la société, afin d’en mesurer les enjeux éthiques. Nos choix d’études de cas ont été faits dans le but de couvrir le plus large panel, du simple jeune homme isolé au stratège tortueux, afin de dépeindre le caractère multiforme du phénomène et son ampleur. Il est important de noter d’emblée que l’isolement social prolongé chez les Hikikomoris s’explique souvent de façon multifactorielle et peut aussi bien être lié à des facteurs individuels que familiaux ou culturels. Ce que nous chercherons à savoir avant tout à travers la présente étude est si l’attitude de retrait des Hikikomori correspond à une pathologie ou relève d’une angoisse lucide vis-à-vis du monde et de ce qu’il devient: l’attitude d’auto-isolement radicale et prolongée est-elle une “maladie”, qui pourrait se rapprocher de la phobie, de l’angoisse irrationnelle ; ou bien au contraire, les individus concernés sont-ils parfaitement conscients de leur situation, qu’ils choisissent, face à une société qu’ils savent nocives et dont ils se protègent ?

Mots-clés : Hikikomori, isolement, retrait, claustration, société, pathologie, peur, anxiété, conscience, lucidité.

1/ L’ambivalence du phénomène

A/ Dans la rubrique des faits divers.

En décembre 2019, le corps de Satoe Tanaka, une femme âgée de 83 ans, a été découvert à l’intérieur de sa maison à Togane City, dans la préfecture de Chiba. Selon les autorités japonaises, elle y vivait avec son fils Hisataka qui menait une existence de reclus. L’élément marquant de cette affaire est le fait que le corps de sa mère avait été laissé dans la maison depuis sa mort en juillet 2018. C’est seulement grâce aux factures et documents administratifs laissés sans réponse depuis deux ans que la police a été alertée. Pour se justifier, le fils a expliqué qu’il avait laissé le cadavre de sa mère dans la maison pendant plus d’un an en disant : “Je l’ai trouvée morte, et je n’ai pas su quoi faire pour m’en occuper, donc je l’ai laissée là”. Mais est-ce véritablement une méconnaissance des réflexes à avoir lors d’une telle situation qui a conduit Hisataka à abandonner le cadavre de sa mère, ou avons-nous affaire à une situation plus complexe ? En réalité, les psychiatres qui ont examiné son cas ont avancé une explication plus plausible. Comme la plupart des reclus, Hisataka n’avait pas d’emploi et dépendait entièrement de la pension de sa mère pour vivre. Sans cette pension, il ne pouvait pas continuer à mener sa vie de reclus. C’est pourquoi déclarer la mort de sa mère – et par conséquent cesser de recevoir sa pension – n’était pas une option pour lui.

Ce fait divers qui pourrait a priori être anecdotique illustre un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur connu sous le nom de “Hikikomori”. Ce terme est un mot japonais qui peut être traduit en français par “reclus” ou “ermite”. En effet, le mot est formé à partir de deux verbes japonais : “hiku” qui signifie “retirer” et “komoru” qui veut dire “se confiner”. Ainsi, littéralement, “hikikomori” peut être traduit par “celui qui se retire et se confine”. Mais est-ce que les motivations de l’individu Hikikomori relèvent de la même lucidité que celles qui poussent les Yamabushi à s’éloigner de la société pour vivre pleinement leur quête d’ascétisme ? Ne serait-ce pas plutôt une maladie sur laquelle l’Hikikomori n’aurait aucune emprise ?

Cette question se pose légitimement dans le contexte du fait divers évoqué plus tôt. De par son stratagème macabre, le Hikikomori Hisataka manifeste sa dépendance et son incapacité à sortir de sa condition. Mais d’un autre côté, il est sans nul doute lucide… sur le fait qu’il représente un poids pour la société, lucide aussi sur les stratégies à mettre en œuvre pour subvenir à ses besoins en restant reclus. Nous ne pouvons pas négliger le fait qu’il sait ce qu’il fait jusqu’à un certain point. Dès lors, le doute quant au caractère pathologique de ce syndrome peut être émis. Est-il un simple escroc opportuniste ou un vrai malade ? Se posent aussi les questions éthique et judiciaire : doit-il être tenu pour responsable de ses actes ? Et mérite-t-il ou non un procès ?

B/ Origine et caractérisation du syndrome

Le syndrome de Hikikomori a été officiellement reconnu et défini au Japon en 1998 dans un livre intitulé Hikikomori: Adolescence without End, écrit par le psychiatre Tamaki Saito . En effet, ce phénomène est identifié lors de la crise économique “ ice age “des années 1990 . Durant cette période, le Japon a traversé une « ère glaciaire » économique, qui a empêché de nombreux jeunes actifs d’atteindre leurs objectifs professionnels. En effet, de nombreuses entreprises ont fortement réduit leur recrutement annuel d’employés, de sorte que les jeunes qui sont entrés alors dans le monde du travail ont eu du mal à trouver un emploi après avoir obtenu leur diplôme. Pour cette raison, bon nombre d’entre eux ont été obligés d’accepter des postes peu rémunérés ou de se contenter d’emplois temporaires, ce qui engendra chez de nombreux jeunes un fort sentiment de déclassement. Malgré la reprise économique qui a suivi et les tentatives de réinsertion professionnelles, le phénomène est toujours omniprésent dans la société japonaise de nos jours. Au départ, les principales victimes de ce phénomène étaient les jeunes Japonais qui n’arrivaient pas à s’insérer dans le monde du travail. Mais ensuite, toutes les tranches d’âge et tous les milieux sociaux furent touchés: il est difficile d’obtenir des chiffres fiables, mais on compte aujourd’hui entre 200 000 et 1 million Hikikomoris, sur une population de 126 millions d’individus.

Suite à une étude épidémiologique organisée par le gouvernement japonais en 2003 sur une dizaine de milliers de Hikikomoris, il ressort que l’âge moyen des Hikikomori est de 26.7 ans.  La même  étude a révélé que 50 % d’entre eux seraient dans cette situation depuis plus de 5 ans et près de 23 % le seraient depuis plus de 10 ans. La majorité seraient des hommes, de 70 % à 80 %, mais il se pourrait toutefois que l’on sous-estime la part des femmes, puisqu’il serait davantage accepté socialement que les femmes restent enfermées au foyer, dans la mesure où il s’agit du rôle qui leur est traditionnellement assigné.

2/ Les causes du phénomène.

A/ La notion d’anomie.

Les causes pouvant expliquer ce phénomène sont multiples et contrairement à ce que l’on pourrait croire, elles ne sont pas toutes propres à la vie japonaise. L’un des principaux facteurs est une perte de repères qui mène à une situation d’anomie , ce qui implique un état de désorientation et de confusion dans lequel les normes et les valeurs sociales ne sont pas clairement définies ou ne sont pas appliquées de manière cohérente. En effet, il convient de noter que l’anomie, concept sociologique développé par Émile Durkheim dans l’ouvrage sur Le Suicide , peut offrir un éclairage intéressant sur la situation des Hikikomoris au Japon. Lorsque les individus se sentent déconnectés des normes et des valeurs de leur société, cela peut conduire à une perte de sens et à un sentiment d’isolement social. Dès lors, les Hikikomoris peuvent se sentir exclus ou en décalage avec les normes et les attentes sociales, ce qui peut les amener à se retirer de la société. En effet, souvent des jeunes adultes, les Hikikomoris se sentent déconnectés de la société japonaise, dont les deux socles sont la réussite scolaire et professionnelle, ainsi que la conformité aux normes sociales. De manière plus précise, les “reclus” peuvent ressentir une pression énorme pour réussir et s’intégrer socialement, mais risquent également de se sentir impuissants face à ces attentes, ce qui les amène à se retirer complètement de la société.

B/ L’histoire récente de la société japonaise

La société japonaise est une société qui, bien que très occidentalisée du fait de la mondialisation , conditionne les individus afin de faire régner le respect d’un cadre précis, allant à l’encontre du processus d’individualisation des sociétés occidentales. Cependant, il est important de souligner que cette tendance à la conformité ne signifie pas que la société japonaise est uniforme. Bien qu’elle accorde une grande importance à la cohésion sociale, il existe des différences régionales, générationnelles et individuelles qui influencent les comportements sociaux. Mais dans le cadre de l’étude des Hikikomoris, nous nous pencherons sur le paradigme prédominant de la réussite du Japonais de la fin du 20ème et du début du 21ème siècle. En effet, au Japon, la majorité de la population active doit suivre les mêmes codes, les mêmes coutumes, sous peine d’être exclue des groupes sociaux, que cela soit dans le cadre du travail ou de la famille. Si un individu ne respecte pas certaines normes précises, que cela soit par ses goûts personnels ou par une différence qui ne dépend pas de lui, comme sa physionomie ; ce dernier est immédiatement ostracisé. La culture du travail au Japon est primordiale, et dominée par un esprit de compétition omniprésent. Mais dans le même temps, les collègues de bureau sont une deuxième famille, et sortir avec eux après une journée de travail fait partie des comportements attendus. Ne pas accepter ces codes peut conduire l’individu au ban de la société. Cette forme de socialisation est donc primordiale. Le photographe Pawel Jaszczuk recense ainsi dans son ouvrage des dizaines de clichés de jeunes hommes ivres, dans un état presque comateux, dormant dans la rue, en tenue de travail: ce sont des “salary-men” qui se sont soumis à une des coutumes ancrées dans le monde du travail au Japon – devoir boire sans modération avec ses supérieurs après le travail. 

De plus, le Japon s’est construit, après la seconde guerre mondiale, comme une nation productiviste, et il était donc impensable de ne pas travailler pour aider le pays à se reconstruire. Cette mentalité perdure de nos jours. Dès lors, la valeur accordée à un individu est évaluée par sa capacité à se conformer à la vie en groupe et à produire. Être un Hikikomori, c’est donc refuser de se conformer à cette obligation productiviste. Le “moule” dans lequel les individus sont façonnés est extrêmement rigide et génère l’exclusion de ceux qui ne s’adaptent pas aux exigences sociales et professionnelles. Vouloir se démarquer du reste de la société, se montrer original, casser les codes: ces valeurs occidentales individualistes ne sont pas valorisées au Japon.  C’est contre ces modèles d’expansion et de concurrence économique que des groupes militants comme les NEET (Not in Education, Employment or Training) se positionnent. Ils soulignent notamment le taux croissant de cas de décès par surmenage que l’on nomme “Karōshi” en Japonais. En effet, les morts prématurées liées à la charge de travail ne sont pas des cas isolés: on compte près de 10 000 cas par an au Japon . Dans le même temps, on dénigre comme “parasite social” l’individu qui ne peut pas ou ne veut pas se conformer. Quand on ne se suicide pas, donc, on fuit. Les individus touchés par le syndrome Hikikomori vivent ainsi complètement coupés du monde qui les entoure. Cette claustration, donc, semble volontaire et s’explique par un refus de se conformer à des normes sociales vécues comme excessivement contraignantes. Dans le cas des Hikikomoris, si la société est malade, a priori, c’est le retrait qui est sain. 

C/ Facteurs psychologiques / émotionnels.

Sur le plan personnel, le manque d’amour ou du moins les sentiments d’insécurité émotionnelle jouent un rôle majeur dans le développement d’une forme d’angoisse conduisant à l’isolement . Cette angoisse peut prendre racine dès l’enfance du fait des pressions exercées par les parents (eux-mêmes angoissés par les pressions sociétales). La honte d’avoir déçu ses proches génère chez l’individu une forme de mépris de soi: il ne croit plus en ses capacités, et pense que le problème vient de lui. C’est ainsi qu’il se croit incapable de travailler, et refuse d’évoluer dans un autre groupe social, par peur de recréer ce sentiment de honte et d’incapacité à répondre aux attentes de la société. Cette “peur de la honte” peut se manifester dans toutes les situations impliquant une relation sociale, et se traduire par une incapacité à créer une relation, amoureuse ou amicale . Cela mène peu à peu au retrait. 

Cependant, pouvons-nous raisonnablement dire que ne pas suivre le cheminement “typique” défini par la société est un choix ? Pour revenir à la notion d’anomie, Durkheim met en parallèle différents comportements extrêmes et “déviants” comme l’isolement social ou encore le suicide avec lesquels le cas des Hikikomoris peut légitimement être associé. Selon le sociologue français, ces phénomènes intrinsèquement liés à l’état social de l’anomie seraient en réalité dûs à l’effet d’un conditionnement social où la honte pourrait incarner un sentiment socialement déterminé. Cependant, la société n’est pas la seule cause des cas indiqués, il convient de noter que les facteurs individuels tels que les maladies mentales peuvent contribuer à la manifestation de ces phénomènes. De ce fait, le retrait des Hikikomoris ne serait en fait que le résultat subi d’une interaction entre facteurs sociaux et personnels.

3/ La situation paradoxale des individus Hikikomoris

A/ Internet, espace de claustration ou d’émancipation ?

Internet a sans doute accentué le phénomène des Hikikomori en facilitant le retrait social vis-à-vis du monde extérieur. Les livraisons de repas à domicile, les livraisons de courses; les réseaux sociaux qui donnent l’impression à l’individu de garder un contact avec la réalité…: il est possible aujourd’hui, dans un monde ultra-connecté, de ne jamais sortir de chez soi, et de faire venir le monde à soi (seulement ce que l’on en attend, en laissant le reste). Dans le même ordre d’idées, l’individu Hikikomori se réfugie dans le cyberespace où il trouve réponse à certains de ses besoins qu’il ne pourrait jamais satisfaire dans la vie réelle comme le rapport à l’autre fantasmé, une socialisation sans corps (entièrement en ligne) ou encore le cybersexe qui incarne l’aboutissement d’un rapport à l’autre fondé sur l’évitement et le contrôle… De plus, dans l’espace numérique prévalent la liberté d’expression, de ton, la possibilité d’être agressif mais aussi de faire de l’humour, de s’exprimer sans le souci du politiquement correct ou celui de devoir suivre le statu quo de la pensée. Dans ce sens, l’éphémérité et l’anonymat qu’impliquent les réseaux sociaux posent les fondements d’une idéologie numérique fondatrice d’une identité de groupe où l’individu Hikikomori se reconnaît et se sent moins seul. Cette contre-culture ne serait pas étrangère au mode de vie de retrait social qui prend racines dans un refus ou un évitement des liens sociaux habituellement proposés aux jeunes, ces liens sociaux très valorisés dans la société moderne japonaise qui laisse peu de place à la singularité.

Sous le prisme d’Internet, le diagnostic est donc ambivalent: nous pouvons rapprocher les Hikikomoris du syndrome de Peter Pan , ce syndrome où un individu adulte continue de se comporter en enfant par peur de grandir et d’être contraint d’avoir des responsabilités, provoquant de ce fait un décalage entre l’individu souffrant de ce syndrome et le reste du monde. Chez les Hikikomoris, le syndrome de Peter Pan se manifeste spatialement dans la mesure où l’individu vit souvent chez ses parents et dépend de ces derniers pour vivre – et pour rester connecté au cyberespace. Toutefois, ce phénomène pourrait aussi s’apparenter à une volonté de s’affranchir des normes sociétales. En effet, le comportement des Hikikomori, comme  une façon de se rebeller implicitement contre les normes et valeurs partagées au sein du même groupe social. Depuis le début des années 2000, la lutte pour le changement et l’évolution des mentalités prend de plus en plus d’ampleur au Japon malgré le fort conservatisme ambiant. Les nouvelles générations malheureuses et frustrées se rebellent de plus en plus contre les normes préétablies . 

B/ Souffrances liées à l’isolement

Cependant, les conséquences de ce renfermement sur soi sont paradoxalement aussi des causes qui contribuent à l’aggraver. Beaucoup de cas de hikikomoris témoignent avoir souffert de harcèlement scolaire ou au travail (par leurs supérieurs et/ou leurs collègues). Dès lors, un sentiment d’échec, une angoisse et une peur du jugement envahissent la psyché: le sentiment d’inutilité à la société, accentué par le regard des pairs, peut mener à des pensées suicidaires. Les Hikikomoris souffrent véritablement de culpabilité et d’anxiété sociale. Cette rupture avec le monde est favorisée par l’isolement physique et la perte de la notion du temps. Et cet isolement ne va faire qu’’accentuer cette peur du monde et de la société, créant un cercle vicieux qu’il est difficile de briser. Dès lors, pour combler un vide émotionnel, certains Hikikomoris en viennent à développer des comportements pathologiques relevant du syndrome de Diogène, et qui consiste à cumuler de manière complètement désordonnée des quantités astronomiques de déchets, d’objets, de vaisselle ou de meubles.

En fin de compte, la décision de quitter cet état peut sembler facile et simple d’un point de vue extérieur, mais elle est, pour l’individu concerné, très difficile à prendre et à mettre en oeuvre. Même si un individu parvient à quitter sa  “bulle” une fois, cela ne veut pas dire qu’il s’en est sorti définitivement. Les psychiatres parlent ainsi de “rechutes” dans le cas des Hikikomoris comme dans celui des addictions. Les Hikikomoris s’accrochent à leur solitude mais veulent en même temps s’en sortir, comme on voudrait sortir d’une maladie sur laquelle on n’a pas de contrôle et qui présente certains “avantages” paradoxaux. La réclusion n’est donc pas toujours un choix, mais plutôt un trou noir dont il est très difficile de s’extraire.

4/Hikikomori et société : qui est le véritable malade ?

A/ La notion de pathologie. 

Puisque ce phénomène implique un rejet radical de la société conformiste, une question se pose alors : les Hikikomoris sont-ils des personnes malades ou des individus lucides quant aux travers d’une société dite malade ? Est-ce la faute de la rigidité de la société japonaise ou celle de l’individu qui n’arrive pas à s’adapter ? Peut-on aller jusqu’à penser comme J. Krishnamurti que « ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade »? Afin de trouver la réponse, il faut étudier de plus près la question difficile de déterminer ce qu’est une “pathologie” et de savoir précisément si elle est toujours relative aux normes sociales dominantes. Est-qu’à la manière des éco-anxieux qui nourrissent une angoisse parfaitement lucide des importants dangers climatiques, les Hikikomoris s’isolent en pleine conscience et de plein gré ? 

De manière générale, la notion de pathologie mentale semble se référer à une condition ou un comportement qui est considéré comme anormal, indésirable ou nuisible pour le bien-être d’un individu et/ou de son entourage. Représentant un concept complexe et multiforme, la pathologie mentale implique souvent un écart par rapport à un état de santé ou de fonctionnement qualifié de “normal” par les “experts”. Mais cela pose la question de l’indépendance de l’institution psychiatrique par rapport aux autorités. 

En effet, la définition de ce qui est considéré comme pathologique peut être influencée par des facteurs sociaux et culturels qui évoluent avec le temps, ce qui signifie que les comportements et les traits qui étaient autrefois considérés comme pathologiques peuvent devenir plus acceptables ou “normaux” avec le temps. Par exemple, dans les années 1950, la théorie psychiatrique dominante considérait l’homosexualité comme une pathologie mentale. Toutefois, grâce à l’évolution des normes sociales et à la recherche scientifique, l’homosexualité a été déclassée de la liste des pathologies mentales par l’Association américaine de psychiatrie en 1973. Dans ce sens, le philosophe français M. Foucault étudie dans l’ouvrage Folie et déraison: histoire de la folie à l’âge classique la manière dont la notion de “folie” a été conçue et instrumentalisée dans l’histoire de la psychiatrie : le comportement que l’on considère comme “anormal” ne serait pas dûe à une condition naturelle, mais plutôt à une construction sociale. En effet, les définitions données à la folie et les réactions qui y sont associées varient selon les époques et les cultures, et sont souvent liées au pouvoir et à la domination des institutions telles que l’Eglise. Selon Foucault, la folie a souvent été utilisée comme un prétexte afin d’exercer “légitimement” un contrôle sur les individus considérés comme différents ou dangereux envers l’uniformisation et l’équilibre des sociétés traditionnelles. Dans Surveiller et punir: naissance de la prison , Foucault met en évidence l’idée que les institutions de surveillance et de discipline sont omniprésentes dans nos sociétés modernes et que les prisons, les hôpitaux psychiatriques ou encore les écoles représentent tous des lieux où les individus sont surveillés et conditionnés afin d’être maintenus dans un état de conformité et de normalité qui correspond aux exigences du pouvoir. Dans ce sens, la relativité de ces normes sous-entend que la folie n’est pas une condition universelle, mais plutôt une construction sociale qui varie selon les cultures et les époques. Ce qui est jugé comme normal ou anormal dans un espace-temps donné ne le sera pas forcément dans un autre, ce qui souligne l’importance de questionner les idées reçues et de ne pas négliger la diversité des expériences et des perspectives. Nous pouvons prendre l’exemple du chamanisme qui est considéré comme une pratique spirituelle saine dans certaines cultures, tandis que dans d’autres, il devient inévitablement une forme de pathologie mentale, de folie.

Cependant, cela ne signifie pas que tous les comportements considérés comme pathologiques sont influencés uniquement par les normes sociales et culturelles. Certaines pathologies mentales sont universellement reconnues comme des problèmes de santé comme la schizophrénie ou encore la dépression. De ce fait, que pouvons-nous conclure pour les individus Hikikomoris, sachant que nous ne pouvons pas parler d’un seul type de Hikikomori, mais bien de plusieurs, comme pour n’importe quelle “maladie” ? Dans le cas précis des Hikikomoris, il convient de noter l’importance et la difficulté de la question dans la mesure où leur attitude de retrait social donne à penser que considérer la raison de leur attitude comme pathologique dépend de la complexité des normes sociales japonais évoquées plus tôt. Mais pour être plus précis, il se peut que, comme l’explique Durkheim pour le cas du suicide, le mode de vie des Hikikomoris serait le résultat d’une convergence entre l’incapacité à se conformer aux normes de la société japonaise et des troubles mentaux propres à l’invidivu qui le prédisposeraient au retrait “hikikomorique” : en réaction à l’échec social, ces troubles mentaux s’accentueraient et conduiraient l’individu à devenir Hikikomori. Il reste cependant aux psychiatres et sociologues à identifier spécifiquement les troubles mentaux et les échecs de conformation aux normes provoquant ce retrait radical. 

B/ Les spécificités du syndrome Hikikomori

Puisqu’ils n’ont pas de travail, les Hikikomoris dépendent entièrement de leurs proches, ce qui implique le fait que leurs difficultés sont également partagées par leur entourage. Ces difficultés en partage peuvent conduire à l’irréparable. L’exemple le plus sinistre est sans doute celui du meurtre commis en mai 2016 à Tokyo par l’ancien ambassadeur du Japon en République Tchèque . Arrêté le 1er juin, Kumazawa Hideaki avoua avoir tué son fils, Hikikomori, de plusieurs coups de couteau pour éviter que son fils ne commette lui-même l’irréparable. En effet, ce meurtre eut lieu deux jours à peine après un autre, plus sordide encore : un homme de 51 ans, reconnu lui-même comme Hikikomori, avait tué à l’arme blanche une fillette de onze ans et blessé seize autres écoliers avant de se  suicider en se tailladant la gorge. Cette tragédie fit dire au fils Hideaki – qui se montrait périodiquement violent envers ses parents – que les enfants de l’école primaire d’à côté étaient “trop bruyants”. Cela ne manqua pas d’alerter son père, qui ne vit d’autre solution que de lui ôter la vie, pour l’empêcher de devenir un tueur d’enfants. Difficile de dire, dans ce cas précis, qui est le vrai “malade”: le fils taciturne ou le père paranoïaque? Mais dans la mesure où certains individus Hikikomori peuvent représenter un danger pour leur proche ou pour eux-mêmes, il va de soi qu’ils devraient être pris en charge par le corps médical – même s’il est difficile de dire, dans de tels cas particuliers, si c’est le syndrome Hikikomori qui est en cause ou une autre pathologie sous-jacente. 

Cependant, de façon plus globale, ce sont les nombreuses méconnaissances et incompréhensions de la part des parents, du gouvernement et des institutions qui conduisent à un rejet violent des soi-disant “malades”. En effet, la souffrance ressentie se décrit mal en raison de l’absence de consensus de définition, de l’absence de diagnostic dûe au manque de ressources et à l’incapacité du malade à sortir de chez lui pour demander de l’aide, et des tâtonnements de la prise en charge. Il faudra attendre 2019 pour que la première étude nationale organisée par le gouvernement japonais sur les Hikikomoris de plus de 40 ans soit lancée . Parallèlement, quelques ONG proposent des formations aux Hikikomoris qui acceptent de quitter leur chambre pendant quelques heures le temps d’un cours sur les bases de la vie en société: écrire un mail à son patron, régler une facture en temps et en heure, réapprendre à s’exprimer comme il convient dans tel ou tel cadre… Bien que le retour au monde réel se fasse progressivement, près de 2 candidats sur 3 décrochent. Ceux qui “s’accrochent” finissent par intégrer une entreprise partenaire de l’ONG, mais cela peut prendre parfois des années. De plus, la nature même du syndrome Hikikomori amoindrit les chances qu’il demande de l’aide. C’est du fait de cette évidente caractéristique que 30 000 reclus meurent dans l’anonymat complet par an (estimation basée sur une enquête non officielle menée en 2010 par le psychiatre spécialiste des Hikikomoris Tamaki Saito) dans une solitude extrême et une mort souvent silencieuse : c’est seulement à cause de l’odeur de leur cadavre que les voisins finissent par alerter les autorités . 

5. Ne pas juger mais comprendre.

Si un individu est incapable de correspondre aux normes sociétales et qu’il finit par s’isoler durant de longues années en fuyant tout contact avec l’extérieur, devons-nous le blâmer ou blâmer les normes sociétales qui excluent cet individu en raison de leur homogénéité ? Si nous le blâmons, cela implique le fait que la pathologie Hikikomori est relative aux normes sociales dominantes car le Hikikomori, par définition, implique le retrait de la société, la marginalisation volontaire ou forcée. Mais peut-on vraiment dire que tous les Hikikomoris, tels des ermites philosophes, se retirent du monde de manière lucide et volontaire? Selon le psychiatre Saito, il s’agit d’une maladie et à la manière du buveur du Petit Prince de Saint-Exupéry qui boit pour oublier qu’il a honte de boire, l’Hikikomori ne peut briser cet isolement par lui-même, une intervention extérieure est nécessaire. Toutefois, nous ne pouvons pas généraliser ce phénomène car chaque Hikikomori le vit différemment : certains par opportunisme, d’autres comme conséquences de pathologies avérées comme la dépression ou la phobie sociale, ou d’autres encore comme réponse radicale à un système qui leur est étranger, indépendamment de leur volonté. 

Il ne s’agit pas ici de produire un jugement de valeur et de les blâmer mais de se demander si le phénomène Hikikomori s’explique par une motivation pathologique ou philosophique. Si cela représente un choix à proprement parler, faut-il s’efforcer de les aider ? Leur “syndrome” est-il une anomalie, ou simplement une manière de vivre ? Bien que les normes sociétales puissent jouer un rôle important dans la marginalisation des individus qui ne correspondent pas aux attentes, il est également possible que des facteurs individuels puissent contribuer à leur retrait social. Ainsi, les normes sociétales ne constituent pas les seules raisons qui poussent les Hikikomoris à s’isoler du reste du monde. En effet, il est également important de considérer que les choix individuels, les antécédents familiaux, les problèmes de santé mentale et les autres facteurs peuvent également contribuer à l’isolement social prolongé d’un individu. 

     6. Des individus en détresse.

Il est important de reconnaître que la marginalisation et l’isolement social prolongé peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale et physique d’un individu s’il ne nourrit aucune quête spirituelle ou philosophique. En effet, ce mode de vie en marge de la société se caractérise souvent par une omniprésence du “self-sabotage” et un “déssaisissement des moyens développementaux” en raison d’une absence de confrontation avec autrui. Par conséquent, plutôt que de chercher à blâmer une partie ou l’autre, il est important de travailler à la compréhension et à l’acceptation des différences individuelles et de promouvoir la tolérance et l’inclusion dans la société. Il est également important de fournir un soutien approprié aux individus qui souffrent de leur isolement social, afin de les aider à sortir de leur retrait social et à réintégrer la société. Toutefois, nous devons noter que les Hikikomoris en situation de retrait social ne sont pas toujours désintéressés du monde ou dépourvus de curiosité. Ils inversent un mouvement spatial jusque-là obligé : plutôt que de sortir dans le monde parce qu’ils s’y intéressent, il font entrer le monde chez eux, dans leur chambre, via Internet. 

Dès lors, le phénomène des Hikikomoris, qui se caractérise par le retrait volontaire de la société et l’isolement social prolongé, est complexe et multiforme. Bien que certains individus puissent choisir de devenir Hikikomoris pour des raisons personnelles ou idéologiques, d’autres peuvent le devenir en raison de problèmes de santé mentale ou de pressions sociales. Certaines études ont montré que le retrait de la société peut être une stratégie d’adaptation pour les personnes qui ont du mal à faire face aux pressions sociales et aux attentes de la société. Dès lors, les Hikikomoris peuvent éprouver un sentiment de sécurité et de confort en se retirant de la société, où ils peuvent éviter les interactions sociales stressantes et les exigences de la vie moderne. Pour certains, cela peut être une façon de faire face à des troubles mentaux tels que l’anxiété, la dépression et la phobie sociale.

Dans de nombreux pays asiatiques, les attentes de réussite et de conformité sont très élevées, ce qui peut mettre une pression considérable sur les individus. Aussi, certains parents, en pensant bien faire, laissent leurs enfants se retirer de la société pour éviter qu’ils ne subissent des pressions ou des discriminations. Cependant, les Hikikomoris peuvent également être victimes de stigmatisation et de discrimination en raison de leur “choix” de vie. Dans certains cas, cela peut aggraver leur état et leur sentiment d’isolement. Ainsi, les raisons pour lesquelles une personne choisit de se retirer de la société peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre. Par conséquent, il est important d’aborder chaque cas individuellement et de fournir un soutien approprié pour aider les Hikikomoris à sortir de leur retrait social, s’ils en manifestent eux-mêmes la volonté.

Conclusion

En fin de compte, la question de savoir si les hikikomoris sont atteints d’une pathologie ou s’ils font preuve d’une angoisse lucide est complexe et controversée. Ce phénomène peut être considéré comme le résultat d’une combinaison de facteurs, tels que le stress social, des antécédents psychiatriques, la pression de réussite, le manque ou l’excès de soutien familial. Certains chercheurs défendent la thèse que les hikikomoris sont porteurs d’une véritable pathologie, s’apparentant à de la dépression, de l’anxiété ou encore la phobie sociale, tandis que d’autres soutiennent que leur comportement est une réponse – rationnelle jusqu’à un certain point – à un environnement social et économique difficile. Dans cette optique, les Hikikomoris manifesteraient une angoisse lucide qui leur permet de se protéger de l’anxiété et de la pression sociale en se réfugiant dans une bulle dans laquelle ils ont le plein contrôle. Mais quelle valeur peuvent avoir ces affirmations si nous ne pouvons pas parler d’un seul type d’hikikomori, mais d’une population très diverse ? A cause du manque de consensus, les spécialistes sont seulement parvenus à les catégoriser en deux sous-classes : les Hikikomori primaires (sans diagnostic psychiatrique) et les Hikikomori secondaires (avec l’association d’un autre diagnostic psychiatrique).

Cependant, quelle que soit la perspective adoptée, il est clair que les Hikikomoris qui ne sont pas toujours conscients des conséquences de leur retrait radical ont besoin d’un soutien et d’une aide pour sortir de leur isolement et de leur exclusion sociale. Ainsi, l’Etat et les institutions de santé ont le devoir d’intervenir en menant des politiques publiques efficaces afin de prévenir, d’aider ces individus à réintégrer la société et à retrouver leur place dans la communauté, d’autant plus que ce phénomène pourrait représenter à l’avenir une sérieuse menace pour l’indice de bonheur du pays.

De manière plus générale, les cas de retrait du monde existent dans toutes les sociétés, et cela dès la Grèce antique, notamment avec les pré-socratiques qui ont fui toutes responsabilités pour pouvoir étudier la nature loin de la civilisation. Les cas d’isolement ne sont pas spécifiques au Japon, et se manifestent partout dans le monde encore à l’heure actuelle. De plus, la pandémie de Covid 19 (2020-2022) et les différents confinements ont développé chez beaucoup d’individus, déjà anxieux, le Syndrome de la Cabane qui se traduit par la peur de sortir de chez soi et d’affronter le monde extérieur, entraînant crises d’angoisses, sentiment permanent d’insécurité, phobie sociale ou encore difficultés à communiquer. Les confinements répétés nous ont tous placé dans un cadre proche de celui des Hikikomoris, et nous pouvons nous demander si, d’une certaine manière, en nous contraignant à nous mettre à leur place, la pandémie a permis de changer le regard de la société japonaise sur ce phénomène encore tabou.  

Les récents confinements successifs ont-ils révélé que nous étions tous des Hikikomori en puissance, dans la mesure où la plupart d’entre nous préfèrent le confort du “chez soi” aux tumultes du monde réel : ne serait-ce pas au final le phénomène exacerbé d’une société “malade” ? De ce fait, cette question soulève des enjeux plus larges sur les conséquences des pressions sociales et de l’idéologie de la réussite dans les sociétés modernes ainsi que sur les moyens de privilégier la santé mentale et le bien-être de tous les membres de la société. En effet, réussir et prospérer dans tous les aspects de la vie est devenu une véritable norme. La pression qui s’ensuit peut être particulièrement difficile pour les jeunes qui se sentent contraints de se plier à une certaine conception de la réussite, comme obtenir un emploi socialement valorisé et bien rémunéré, adopter un mode de vie stable, afin de répondre aux attentes de la société et de leur entourage. 

Comme les mesures de confinement se sont avérées pénibles même pour les personnes qui ne souffrent pas de troubles mentaux, cela a contribué à créer une atmosphère de solidarité liée à l’égalité des situations d’isolement forcé. En effet, de par les nombreuses initiatives de particuliers (célébrités, influenceurs, etc…) ou de l’Etat sur les réseaux sociaux (sous la forme de LIVE Instagram par exemple) par rapport, notamment, à la prévention des maladies psychiatriques liées à l’isolement prolongé, la pandémie nous a rappelé qu’il est important de nous soutenir mutuellement dans les moments d’anxiété et d’incertitude, ce qui doit s’appliquer bien-entendu aux malades Hikikomoris en conformité avec les avancées des recherches psychiatriques concernant le phénomène.

Bibliographie 

Ouvrages et articles de recherche

DUMAS, Gabriel: L’Hikikomori, un extrême contemporain du rapport contradictoire à l’autre (thèse non publiée, 2015)

DURKHEIM, Emile: Le Suicide (Félix Alcan, 1897)

D’SOUZA, Lee-Michael: How Japan’s anomie describes a disconnected society and informs mental and social problems (Preprint, ResearchGate, 4 Avril 2019) 

FOUCAULT, Michel: Folie et déraison : Histoire de la folie à l’âge classique (Plon, 1961)

FOUCAULT, Michel: Surveiller et punir : naissance de la prison (Gallimard, 1975)

GERARDIN Priscille, BOUDAILLIEZ Bernard et DUVERGER Philippe: Médecine et Santé de l’Adolescent (Elsevier-Masson, 2019)

GUEDJ-BOURDIAU, Marie-Jeanne: Troubles psychiques et comportementaux de l’adolescent (Lavoisier, 2017)

JASZCZUK, Pawel: Salaryman (Morel Books, 2009)

KATO, Takahiro: Hikikomori : Multidimensional understanding, assessment, and future international perspectives (PCN, 2019)

LECLERC, Gérard: La mondialisation culturelle (Presses Universitaires de France, Collection Sociologie d’aujourd’hui, 2000)

RAHMAN, Khondaker: NEETS’ challenge to Japan, causes and remedies (Japan Studien, janvier 2006)

SAITO, Tamaki: Hikikomori, Adolescence without End (PHP-Kenkyujo, 1998)

VELLUT, Natacha: A l’épreuve du virtuel et des écrans (Erès, 2017)

VELLUT, Natasha, MARTIN Claude, FIGUEIREDO Cristina et FANSTEN Maïa: Hikikomori, une expérience de confinement (Presses de l’EHESP, Collection Recherche Santé Sociale, 2021)

Articles de presse

AMAOUA, Frédérique: Au Japon, la génération «célibataires parasites»” (Libération, 17 avril 2000) https://www.liberation.fr/planete/2000/04/17/au-japon-la-generation-celibataires-parasites_322380/

KANG, Hyeok: The Little Ice Age: Heterogeneity of Impact and Japan’s Success Story? (Sense and Sustainability, 5 décembre 2014)

POWELL, Steve et CABELLO, Angeles: Japan’s mountain ascetic hermits (BBC, 13 mai 2021) https://www.bbc.com/travel/article/20210511-japans-mountain-ascetic-hermits

Le Japon ensanglanté par deux tragédies liées aux « hikikomori » (Nippon, 5 juin 2019)

https://www.nippon.com/fr/news/yjj2019060300491/

46-year-old ‘hikikomori’ arrested for leaving mother’s dead body inside house for over a year, (Japan Today, 1er septembre 2019) 

https://japantoday.com/category/crime/46-year-old-‘hikikomori’-arrested-for-leaving-mother%E2%80%99s-dead-body-inside-house-for-over-a-year

Karoshi : On crève au travail pour enrichir un patron (Japanization, 23 juin 2022)  https://japanization.org/karoshi-on-creve-au-travail-pour-enrichir-un-patron/ 

Reportages télévisés

GAGNET, Michaëlle: Hikikomoris, les reclus volontaires ? (Magnéto Presse, France 5, 27 juillet 2021)

SIMON, Constantin: Japon : la vie en retrait des “hikikomoris” (France 24, 18 janvier 2019) https://www.youtube.com/watch?v=TdzCNP0QRdY

Hikikomori Loveless : What causes young Japanese hermits to give up on real life (RT, 18 juin 2019)

Hikikomoris : Les Reclus Volontaires (Catégorie Japon, L’Effet Papillon, 7 octobre 2020)

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