
La place de la solidarité dans la Kafala au Maroc
On mai 11, 2025 by labo recherche StandardIrène Ackermann et Hermance Fohrenbach
Au Maroc, des milliers d’enfants abandonnés chaque année trouvent refuge dans un système complexe : la Kafala (en français, “prise en charge”). Ce mécanisme juridique et religieux permet de les prendre en charge sans pour autant créer de lien de filiation, conformément aux préceptes de l’Islam. Mais cette forme de solidarité soulève des questions fondamentales : comment concilier protection de l’enfance et respect des normes religieuses ? La Kafala offre-t-elle une parfaite intégration sociale et juridique à l’enfant ?
Kafala, institution centrale du droit Marocain, se distingue radicalement de l’adoption plénière pratiquée en Occident. Alors que l’adoption crée une filiation juridique, la Kafala se limite à une tutelle légale, sans modifier l’identité originelle de l’enfant. Ce système, encadré par la loi n°15-01 de 2002, repose sur des principes Islamiques strictes, notamment l’intangibilité de la filiation biologique et est un système de protection des enfants abandonnés, orphelins ou issus de familles défaillantes, propre aux pays musulmans. Pourtant, il génère des défis majeurs, tant sur le plan juridique (succession, nom, droits fondamentaux) que social (stigmatisation, intégration). La Kafala repose sur trois piliers : religieux car fondée sur le Coran, juridique car codifiée par la loi n°15-01 (2002) et par le Code de la famille et enfin social car elle s’inscrit dans une tradition de solidarité communautaire où familles et associations prennent le relais de l’État, qui n’apporte souvent qu’une aide moindre.
En tant qu’élèves françaises résidant au Maroc, nous avons souhaité étudier le système de Kafala comme exemple intéressant de protection de l’enfance à l’intersection du droit, de la religion et des pratiques sociales. Notre approche se veut donc descriptive, visant à comprendre les spécificités de ce dispositif juridique original, examiner son fonctionnement concret dans la société marocaine et analyser son articulation avec les principes Islamiques. Notre recherche combine analyse juridique, enquête de terrain et encore études statistiques. Notre démarche s’inscrit dans une volonté de comprendre un dispositif méconnu en Occident, mais central dans la protection de l’enfance au Maroc et d’analyser ses forces (préservation de l’identité religieuse, mobilisation associative) et ses quelques limites selon les principales associations marocaines concernées (absence de filiation, obstacles administratifs).
Ainsi ce système soulève une question fondamentale : dans quelle mesure la Kafala, en tant que système de protection alternatif à l’adoption, parvient-elle à concilier solidarité familiale et respect des normes religieuses, tout en garantissant les droits de l’enfant ?
Notre étude interroge cette problématique à travers trois axes. Nous analyserons d’abord la Kafala comme une forme de solidarité spécifique, distincte de l’adoption, avant d’en explorer les mécanismes juridiques et les défis potentiels à relever. Enfin, nous étudierons le rôle crucial des associations dans la mise en œuvre de cette solidarité.
La Kafala : une forme de solidarité,
mais pas seulement
Kafala et adoption, des liens poreux
Dans les débats sur la parentalité et la prise en charge des enfants privés de famille, la question du lien entre solidarité et filiation occupe une place centrale. À travers l’exemple de la Kafala, forme de tutelle légale pratiquée dans les pays de droit musulman, on peut interroger la manière dont la solidarité familiale se construit — ou non — en l’absence de filiation juridique. C’est ce que met en lumière le sociologue Michel Chauvière dans son article Les apories de la solidarité familiale Contribution à la sociologie des configurations de justice entre les familles et l’État, dans le cas français³ de 2003, en montrant que la solidarité familiale est avant tout une construction sociale et juridique. Dans ce cadre, la filiation constitue un fondement central des solidarités familiales, en ce qu’elle permet l’inscription de l’enfant dans une lignée, la transmission de droits (héritage, nom, nationalité) et l’établissement de devoirs (éducation, entretien). Or, la Kafala, dans les pays de droit musulman comme le Maroc, ne permet pas de créer un lien de filiation juridique entre l’enfant recueilli et la famille d’accueil. L’enfant reste donc juridiquement sans parent, sans héritage, sans nom transmis, ce qui limite la portée de la solidarité que la Kafala cherche à instituer. Contrairement à l’adoption, qui selon l’article, vise à “produire une famille solidaire dans sa plénitude” en apparentant juridiquement l’enfant à une famille pour le socialiser pleinement, la Kafala maintient une dissociation entre l’enfant et la famille qui le prend en charge. Cela révèle un paradoxe : la solidarité est bien présente dans la pratique quotidienne (soin, éducation, affection), mais absente dans le droit, car aucune filiation n’est reconnue. L’enfant est donc accueilli, mais pas intégré juridiquement.
Par ailleurs, l’article souligne que l’adoption elle-même n’est pas une simple affaire de solidarité, mais aussi d’intérêts, de désirs individuels et d’enjeux sociaux. La Kafala, en interdisant toute assimilation de l’enfant à un enfant « légitime », se coupe aussi de cette dimension d’égalité. Elle produirait donc une solidarité limitée, incomplète, parce qu’elle n’instituerait pas une vraie parenté juridique. Ainsi, l’exemple de la Kafala confirmerait la thèse de l’article : la solidarité familiale n’est pas spontanée, elle dépend des formes juridiques de la filiation et des représentations sociales de la parentalité.
L’institutionnalisation de la Kafala au Maroc
Dans les pays occidentaux, l’adoption plénière rompt le lien de filiation d’origine et en crée un nouveau, équivalent à celui du sang. Elle accorde à l’enfant le nom, les droits successoraux et le statut juridique de l’enfant biologique. En revanche, dans le monde musulman, et particulièrement au Maroc, cette forme d’adoption est proscrite. En effet, la religion Islamique interdit de modifier la filiation biologique d’un enfant. Le Coran est explicite à ce sujet, notamment dans la Sourate XXXIII, versets 4 et 5 : “Allah n’a pas fait de vos enfants adoptifs vos propres enfants”, “appelez les du nom de leur père, c’est plus équitable auprès d’Allah. Et si vous ne connaissez pas leur père alors considérez-les comme vos frères en religion et vos alliés.” La filiation est donc perçue comme une donnée divine et intouchable. En réponse à cette interdiction, le Maroc a instauré un système alternatif : la Kafala, une forme de tutelle légale sans création de lien de filiation. Légalisée en 1971 puis formalisée par la loi n°15-01 du 13 juin 2002, elle permet à une mère musulmane ou un couple musulman d’accueillir un enfant abandonné, tout en respectant les normes religieuses.
Selon l’article 2 de cette loi, la Kafala est l’engagement bénévole de subvenir aux besoins d’un enfant dans le respect de la loi et de l’Islam. Elle s’adresse aux enfants abandonnés, une catégorie définie par l’article 1 comme les enfants orphelins, nés de parents inconnus ou ayant été volontairement abandonnés, ou encore issus de familles incapables d’exercer leur responsabilité parentale.
Les conditions pour devenir Kafil sont strictes (article 9) : majorité, moralité, santé, ressources suffisantes, absence de conflit d’intérêts ou de condamnation. Peuvent être Kafils : un couple marié musulman, une femme musulmane seule, des institutions publiques ou associations reconnues d’utilité publique.
Il existe dans les faits deux types de Kafala : la Kafala judiciaire, pour les enfants déclarés abandonnés, décidée par un juge des mineurs; la Kafala notariale, lorsque les parents biologiques confient volontairement leur enfant à un proche, souvent dans le cadre familial. La Kafala permet plus largement à l’enfant d’avoir accès à l’éducation, aux soins, à une stabilité affective, mais sans droit automatique à l’héritage. Toutefois, une disposition du Code de la famille (article 315), le Tanzil, autorise le Kafil à transmettre jusqu’à un tiers de son patrimoine à l’enfant recueilli, par donation ou succession.
L’inscription de la Kafala en tant que système de protection de l’enfant peut se lire sous un triple registre de solidarité. D’abord une solidarité religieuse puisqu’elle répond à l’appel Coranique à la protection des orphelins. Ensuite une solidarité sociale et familiale puisqu’elle offre un cadre familial aux enfants privés de leur famille biologique. Enfin une solidarité politique et juridique puisque strictement encadrée par la loi pour protéger les enfants et respecter les règles Islamiques.
Ces formes de solidarité émanant de la Kafala se heurtent néanmoins à quelques difficultés pratiques : l’enfant n’est d’abord pas juridiquement intégré à la lignée familiale, il ne peut ensuite pas toujours porter le nom de sa famille d’accueil. Enfin, il peut exister un « mensonge légal » quant à son identité (nom, filiation, état civil). Ces contradictions peuvent parfois créer de la confusion et du mal-être à l’adolescence, surtout face à des documents contradictoires.
La Kafala est cependant reconnue internationalement. L’article 20 de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) reconnaît la Kafala Islamique comme une forme valable de protection pour les enfants privés de milieu familial. Le Maroc a ratifié cette convention, mais avec des réserves sur l’article 14 concernant la liberté religieuse, afin de préserver le rôle constitutionnel de l’Islam.
Quelles réalités de la Kafala au Maroc ?
En pratique, la Kafala demeure peu répandue. Plusieurs obstacles freinent son application parmi lesquels la complexité administrative, le poids de certains tabous sociaux, ou encore l’absence de reconnaissance symbolique et successorale de l’enfant.
Les orphelinats jouent souvent un rôle de recours, mais leur efficacité est limitée : ils ne procurent ni l’intensité affective, ni la stabilité éducative d’une vraie cellule familiale. Le journal LeMatin.ma mentionne que “même si la Constitution Marocaine stipule dans son article 32 que l’État assure une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale, chaque année, des centaines voire des milliers d’enfants sont abandonnés par leur mère, souvent dès la naissance”. Toujours d’après LeMatin.ma, selon le dernier rapport de la Cour des comptes, le système Marocain de protection sociale reste largement insuffisant face aux besoins des enfants en situation de vulnérabilité. Sur les 246 établissements recensés, seuls 89 (soit 36 %) accueillent des enfants abandonnés ou en difficulté, pour une capacité totale de seulement 9 968 places. Cette offre limitée ne permet pas de répondre à la réalité du terrain, marquée par un nombre important de naissances hors mariage et d’abandons. L’étude intitulée Le Maroc des mères célibataires, réalisée en 2010 par le cabinet Amers pour le compte de l’association Marocaine INSAF¹, donc l’Institution Nationale de la Solidarité avec les Femmes, révèle qu’environ 153 enfants naissent chaque jour hors mariage au Maroc, et 24 d’entre eux sont abandonnés quotidiennement, soit près de 16 % des naissances hors mariage.
D’après l’association INSAF, ce déficit de protection initiale a un impact grave : 80 % des mineurs délinquants proviennent de cette population d’enfants abandonnés. De plus, seule la moitié des 1486 établissements sociaux respecte la loi 14-05, ce qui illustre le manque de moyens et de contrôle.
La Kafala représente donc une réponse éthique et religieuse à la vulnérabilité infantile. Mais elle reste insuffisante sans réformes structurelles. De nombreuses associations telles qu’OSRATY souhaitent élargir les droits successoraux, clarifier la question de la filiation et du nom, et assouplir les conditions d’accueil et de suivi. La réforme de 2022 (loi n°2022-219) a apporté des ajustements techniques, sans nécessairement aborder les problématiques fondamentales.
En définitive, la Kafala illustre bien une tension entre la solidarité religieuse et morale et la nécessité de construire une véritable reconnaissance juridique et sociale de l’enfant accueilli. C’est une solidarité à la fois précieuse et perfectible.
La Kafala, un modèle singulier et complexe
L’adoption, telle qu’elle est régie dans les pays occidentaux, tels que le Québec (dans le Code civil du Québec, articles 543 et suivants, régissant l’adoption plénière), la France (depuis 1966 dans la loi n° 66-500), la Belgique (depuis la réforme en profondeur du droit de l’adoption en 2003), ou encore le Royaume-Uni (dans la loi Adoption and Children Act en 2002), n’existe pas au Maroc en raison de principes religieux et juridiques qui interdisent la rupture du lien de filiation biologique.
Tout d’abord, selon l’article 356 du Code civil français, “L’adoption plénière confère à l’enfant une filiation qui se substitue à sa filiation d’origine”, bien qu’il n’existât aucun lien biologique entre l’adopté et les adoptants. En effet, le lien créé devient un “lien de filiation qui remplace le lien originel entre le mineur adopté et ses parents biologiques”. La Kafala est ainsi distincte de l’adoption selon les conventions internationales, notamment la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) du 20 novembre 1989.
L’Islam, qui influence largement le droit de la famille au Maroc, interdit l’adoption plénière. En effet, cette pratique entraînerait un changement de filiation, ce qui est incompatible avec les principes de la Charia, notamment en ce qui concerne les droits successoraux. Selon Sadek Beloucif, président de l’Association L’Islam au XXIe siècle, la Charia est avant tout un guide, une voie qui aide le musulman, tant sur le plan individuel que collectif, à promouvoir « les droits de Dieu et les droits des hommes ».
La promotion de la responsabilité de l’individu est essentielle en lui rappelant ses devoirs fondamentaux : “Vous ordonnez ce qui est convenable, vous interdisez ce qui est blâmable” (Coran, Sourate 3, verset 110), afin d’obtenir une société juste et garante de la cohésion sociale.” Ainsi, le seul moyen de prendre en charge un enfant abandonné ou orphelin est la Kafala, ce système de tutelle qui confère à l’enfant une protection, une éducation et un cadre familial sans modifier son état civil.
Le terme « Kafala » signifie « prise en charge », le « Kafil » étant l’adoptant et le « Makfoul » l’adopté. La Kafala constitue donc est un engagement légal pris par une personne ou une famille d’assumer la responsabilité d’un enfant abandonné ou orphelin en lui apportant protection, entretien et éducation, sans pour autant créer de lien de filiation.Les liens qui unissent le Makfoul (l’enfant pris en charge) et le Kafil (la personne ou la famille d’accueil) reposent sur une forme de solidarité légale et morale. Le Kafil a l’obligation de fournir une éducation religieuse Islamique à son Makfoul, tout en établissant une relation affective et éducative souvent très forte. Cependant, bien que ces liens soient basés sur la solidarité, ils ne sont pas reconnus comme des liens parentaux au sens juridique. L’enfant conserve son identité d’origine et ne devient pas un héritier automatique de la famille d’accueil, respectant ainsi la solidarité dans un cadre qui préserve les règles de filiation et d’héritage propres à l’Islam.
Cela montre que la solidarité ici est fondée sur un soutien moral et éducatif, sans pour autant remettre en cause les principes juridiques relatifs à l’héritage et à la filiation, conformément aux valeurs Islamiques.
Depuis la réforme de 2003 du Code de la Famille, l’enfant peut se voir attribuer un nom et un prénom, en vertu de l’article 152 mais n’a toujours pas droit à un livret de famille (car il n’est pas juridiquement “fils” ou “fille” du Kafil). Cependant, il dispose d’un acte de naissance individuel, avec la mention “né de parents inconnus” ou “né de père inconnu”.
Cela peut cependant causer des problèmes d’identité et d’intégration par exemple dans les contextes internationaux où la Kafala n’est pas souvent reconnue comme une forme d’adoption pleine. En effet, au Maroc, l’enfant peut obtenir une carte d’identité nationale à partir de 16 ans comme tout citoyen Marocain. Il peut aussi obtenir un passeport Marocain, à condition que le Kafil fasse les démarches comme tuteur légal, avec l’accord du parquet. Mais le nom du Kafil n’apparaît pas comme “parent” sur les papiers de l’enfant. Ce point peut créer de nombreuses complications à dans un contexte international, car dans de nombreux pays européens (dont la France), la Kafala n’est pas une adoption (plénière ou simple) et elle est considérée comme une délégation de garde ou de tutelle, mais pas équivalente à la filiation. Les conséquences sont importantes car pour obtenir un visa, un titre de séjour ou une nationalité, le lien entre l’enfant et le Kafil doit être reconnu par une procédure judiciaire locale. En France, par exemple, il faut souvent obtenir une reconnaissance de la Kafala par le juge des tutelles puis, éventuellement, une adoption simple, si les conditions religieuses, légales et culturelles le permettent.
Les risques liés à une absence de filiation claire dans les pays qui ne reconnaissent pas la Kafala peuvent provoquer ainsi des difficultés dans la scolarisation l’enfant, dans les droits de succession, ou dans les soins médicaux à l’étranger, ou encore des risques de blocage administratif, si les autorités étrangères estiment que l’enfant n’est pas légalement rattaché au Kafil et dans le pire des cas, parfois, des soupçons de trafic ou d’enlèvement d’enfant, en l’absence de document familial clair.
C’est la loi n°15-01 (article 2) qui définit la Kafala comme l’engagement de prendre en charge un enfant abandonné, donc prendre en charge “la protection, l’éducation et l’entretien de l’enfant abandonné, au même titre que le ferait un père pour son enfant” selon Madame Rajae EL MRAHI, magistrat détachée à la Cour suprême du Maroc. Selon l’article 1er de la loi n° 15-01 relative à la Kafala, est considéré comme “abandonné” « tout enfant de l’un ou l’autre sexe n’ayant pas atteint l’âge de 18 années grégoriennes révolues lorsqu’il se trouve dans l’une des situations suivantes : être né de parents inconnus ou d’un père inconnu et d’une mère connue qui l’a abandonné de son plein gré, être orphelins ou avoir des parents incapables de subvenir à ses besoins ou ne disposant pas de moyens légaux de subsistance, Avoir des parents de mauvaise conduite n’assumant pas leur responsabilité de protection et d’orientation en vue de le conduire dans la bonne voie, comme lorsque ceux-ci sont déchus de la tutelle légale ou que l’un des deux, après le décès ou l’incapacité de l’autre, se révèle dévoyé et ne s’acquitte pas de son devoir précité à l’égard de l’enfant » La citation proposée présente une définition juridique et sociale précise de la Kafala, selon la loi Marocaine. Cette citation illustre à la fois la générosité de la loi marocaine dans sa volonté de protéger les enfants abandonnés, et les spécificités culturelles et religieuses qui encadrent cette forme de tutelle.
Pour que la Kafala soit mise en place entre le Kafil et son Makfoul, l’enfant doit donc être déclaré abandonné par le Procureur du Roi selon les critères dictés antérieurement mais le consentement de l’enfant doit aussi être requis s’il a plus de 12 ans, sauf si l’autorité sollicitant la Kafala est un établissement public chargé de la protection de l’enfance ou un organisme à caractère social reconnu d’utilité publique. En droit Marocain, l’âge de 12 ans marque la capacité du mineur à consentir à certains actes personnels. Ainsi, il est nécessaire de s’assurer que l’enfant est volontaire pour être placé sous la responsabilité du Kafil s’il a plus de 12 ans. Sinon, la Kafala ne pourra pas être accordée.
Pour être Kafil, il est aussi nécessaire de remplir quelques critères selon l’article 9 de la loi n°15-01 du 13 juin 2002 : la femme musulmane ou les époux musulmans doivent avoir atteint l’âge de la majorité légale, être moralement et socialement aptes à assurer la Kafala, disposer de moyens matériels suffisants pour subvenir aux besoins de l’enfant, ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation liée à la morale ou envers les enfants, ne pas être atteints de maladies contagieuses ou incapacitantes les empêchant d’assumer leur responsabilité, ne pas être en conflit avec l’enfant ou ses parents (contentieux judiciaire ou différend familial mettant en danger l’intérêt de l’enfant) et fournir un acte d’abandon signé par la mère biologique.
Il est nécessaire de rappeler que les établissements publics chargés de la protection de l’enfance et les organismes, organisations et associations à caractère social, reconnus d’utilité publique, ayant les moyens matériels, les ressources et les compétences humaines nécessaires pour protéger les enfants, leur offrir une bonne éducation et les élever conformément à l’Islam peuvent aussi pratiquer la Kafala, comme l’Association OSRATY² (“ma famille” en arabe).
L’un des principaux enjeux de ce système demeure l’absence de droits successoraux pour l’enfant recueilli. En effet, l’enfant recueilli dans le cadre de la Kafala ne peut hériter de son Kafil au moment de son décès, sauf si ce dernier a recours au mécanisme du Tanzil (article 315 du Code de la Famille), qui permet de désigner un héritier en l’absence de lien de filiation. Le Kafil peut également effectuer des donations à hauteur d’un tiers de son patrimoine. Toutefois, cette exclusion successorale soulève de nombreuses difficultés, notamment lorsqu’il s’agit de répartir l’héritage entre le Makfoul et les éventuels enfants biologiques du Kafil. Cette situation affecte particulièrement les enfants issus de milieux précaires, qui, aux décès de leur Kafil, se retrouvent sans aucun soutien matériel. Or, ces enfants ont parfois grandi dans un environnement stable, voire aisé, car les familles qui recourent à la Kafala légale appartiennent davantage à des catégories sociales élevées selon Mme Fatima El Wafy, présidente d’OSRATY.
Une ou des Kafala ?
Par ailleurs, une distinction notable semble exister entre la Kafala pratiquée en milieu urbain et celle observée en milieu rural. En ville, cette prise en charge est généralement le fait de familles aisées, bien informées sur les démarches administratives et capables d’offrir un environnement stable et favorable au développement de l’enfant. À l’inverse, en milieu rural, la Kafala repose souvent sur des pratiques plus informelles, dictées avant tout par des logiques de proximité et de solidarité communautaire. Il n’est pas rare que l’enfant soit recueilli par un membre de la famille élargie, comme la sœur de la mère, ou même par des voisins, sans qu’une procédure juridique n’ait été engagée. Dans ces contextes, l’abandon n’est pas toujours officiellement reconnu, ce qui rend la prise en charge invisible aux yeux de l’administration. Cette forme de solidarité locale, bien qu’ayant lieu en dehors d’un cadre juridique formel, constitue une expression concrète d’entraide communautaire. Elle joue un rôle essentiel dans la protection de l’enfant, en le préservant de l’institutionnalisation et en maintenant des liens affectifs et sociaux. Cela met en évidence l’importance de reconnaître, soutenir et encadrer ces pratiques solidaires, qui viennent souvent pallier les limites des dispositifs officiels, notamment dans les zones les plus éloignées ou marginalisées.
Au Maroc, les familles d’accueil assument le plus souvent seules les charges liées à l’enfant recueilli. Pour les soutenir, certaines associations et ONG, comme l’association OSRATY, tentent de leur venir en aide en apportant un soutien financier ou en facilitant l’accès aux soins médicaux et à l’éducation. Néanmoins, l’appui institutionnel reste ponctuel et limité. Il est difficile de fournir des chiffres précis sur l’aide financière que les associations Marocaines, telles qu’OSRATY, apportent aux familles d’accueil dans le cadre de la Kafala. Les informations disponibles sont souvent générales et ne détaillent pas les montants ou la fréquence de ces aides.
Selon l’article Orphelins. Au royaume des enfants perdus, publié par TelQuel, environ 9 000 enfants sont abandonnés chaque année au Maroc, soit près de 24 par jour — un chiffre nettement plus élevé que celui observé en France, où environ 600 naissances sous X sont enregistrées annuellement. Cette situation contribue à la saturation des centres de protection de l’enfance, qui rencontrent des difficultés à répondre aux besoins fondamentaux des enfants. Environ 60 % des enfants abandonnés sont confiés à des familles d’accueil dans le cadre de la Kafala, 10 % sont repris par leurs parents biologiques, mais plus de 6,5 % décèdent durant leur séjour en institution — un taux de mortalité deux fois supérieur à la moyenne nationale, et bien au-delà de ceux observés en Tunisie (1,7 %) ou aux Émirats arabes unis (moins de 0,6 %). Les autres enfants grandissent dans des structures d’accueil souvent surchargées et disposant de ressources limitées.
Il est également rapporté qu’environ 20 % des enfants placés en Kafala retournent en institution en raison de difficultés rencontrées dans les familles d’accueil, ce qui met en lumière les défis liés à la stabilité et au suivi de ces placements. En 2018, environ 1 979 enfants ont été pris en charge dans le cadre de la Kafala, tandis que le parquet enregistrait cette même année 2 009 cas d’abandon d’enfants, soit environ 5,5 enfants par jour. Toutefois, en 2022, le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi avançait un chiffre bien plus élevé, estimant à près de 70 le nombre d’enfants nés hors mariage abandonnés chaque jour. Cette différence notable entre les données peut s’expliquer par plusieurs facteurs : une amélioration des mécanismes de détection et de signalement des abandons ou encore une définition plus large de l’abandon englobant désormais les enfants laissés dans des hôpitaux ou trouvés dans des situations précaires. Ces écarts ne traduisent donc pas nécessairement une augmentation brutale du phénomène, mais plutôt une meilleure visibilité de celui-ci et une complexification de ses causes.
De plus, la Kafala est une forme de solidarité profondément ancrée dans la culture et la religion musulmane. Elle fait partie de la notion de « sadaqa » (charité) et d’entraide au sein d’une communauté, dans laquelle prendre soin d’un enfant abandonné est considéré comme un acte de mérite et un devoir moral.
Encouragée par la religion qui considère que la Kafala est un moyen “d’aider son prochain », elle représente une aide humanitaire à l’abandon d’enfants tout en observant les principes Islamiques. Mais, son manque de reconnaissance à l’échelle internationale et tous les obstacles juridiques concernant la filiation restent des défis importants pour les enfants sous Kafala.
Une solidarité désintéressée et facilement
observable : le monde associatif comme
vitrine de l’engagement solidaire
Les associations œuvrant dans le fonctionnement du système de la Kafala jouent un rôle fondamental dans la mise en œuvre et le suivi de cette pratique au Maroc. Elles incarnent une forme de solidarité désintéressée, en ce sens qu’elles agissent avant tout pour le bien-être des enfants, sans rechercher de bénéfices personnels ou financiers. Dans ce contexte, le monde associatif devient une vitrine de l’engagement solidaire, car il est souvent le seul acteur capable de répondre aux besoins urgents des enfants tout en apportant un soutien à long terme aux familles d’accueil. Ces associations, dont certaines sont créées par des parents adoptifs eux-mêmes, s’efforcent de répondre aux besoins non entièrement couverts par les dispositifs publics actuels, notamment en matière de financement, de cadre juridique et de formation des familles.
L’un des exemples les plus emblématiques de l’engagement associatif en faveur des enfants pris en charge par la Kafala est l’association OSRATY, fondée en 2007 par des familles elles-mêmes concernées. Elle incarne une forme de solidarité active au Maroc, reposant sur le bénévolat, les dons privés, et des subventions ponctuelles, en l’absence de soutien institutionnel régulier. Comme de nombreuses autres initiatives similaires, OSRATY fait face à des difficultés majeures, notamment un manque chronique de ressources financières et humaines. Le financement, souvent assuré par des collectes de fonds ou des aides extérieures (ambassades, organisations internationales), reste instable et insuffisant au regard des besoins croissants. Cette précarité limite la capacité d’action de ces structures et souligne la nécessité d’un appui plus fort de la part de l’État Marocain et de la société civile pour pérenniser et élargir leur impact.
À côté de cette initiative, d’autres associations comme INSAF jouent un rôle déterminant. INSAF œuvre sur deux fronts : la prévention de l’abandon des bébés et l’accompagnement des mères célibataires. Elle mène une sensibilisation auprès des mères et des sages-femmes (kabla), notamment à Casablanca, pour les informer sur la possibilité légale d’abandonner un bébé dans un cadre sécurisé. Cette initiative a permis de sauver de nombreuses vies d’enfants. L’association milite aussi pour des réformes administratives, comme l’enregistrement des naissances à l’hôpital et la simplification des procédures judiciaires.
Les associations, telles que OSRATY et INSAF, apportent des réponses concrètes aux défis sociaux, souvent là où l’État demeure discret. Elles jouent un rôle essentiel, non seulement en facilitant l’accueil familial des enfants abandonnés, mais aussi en luttant contre les stigmates sociaux liés à la prise en charge d’enfants non biologiques. Elles présentent la Kafala comme un engagement fondé sur la responsabilité et l’attention portée à l’enfant, au-delà d’une simple démarche caritative. Leur action ne se limite pas à un appui ponctuel : elle inclut aussi des initiatives de sensibilisation, d’accompagnement à la sortie des institutions et de soutien à l’insertion des jeunes majeurs. À travers des projets tels que le soutien scolaire, l’entrepreneuriat ou la préparation à la vie autonome, ces structures cherchent à favoriser l’inclusion sociale et à ouvrir des perspectives d’avenir.
Le Collectif Marocain de placement en familles d’accueil, constitué en 2023 par des ONG telles que Bayti, SOS Village d’Enfants, et la Fondation Amane pour la Protection de l’Enfance (FAPE), œuvre activement à la structuration d’un cadre juridique clair pour encadrer le placement familial. Concrètement, ce collectif mène des actions de solidarité à plusieurs niveaux : au niveau juridique, il plaide auprès des autorités pour la réforme du droit de la protection de l’enfance, afin d’instituer un statut légal pour les familles d’accueil, aujourd’hui évoquées de manière lacunaire à l’article 471 du Code de procédure pénale ; au niveau social, il accompagne les familles candidates à l’accueil à travers des formations, un suivi psychosocial et un appui matériel ; au niveau institutionnel, il sensibilise les magistrats, les assistants sociaux et les décideurs à la nécessité d’une alternative à l’institutionnalisation, centrée sur l’intérêt supérieur de l’enfant. En agissant ainsi, le collectif entend faire du placement familial non pas une mesure d’urgence ponctuelle, mais une véritable politique publique de solidarité, respectueuse des droits de l’enfant et fondée sur l’intégration dans un tissu familial.
Malgré leur rôle crucial, les associations œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfance et de la Kafala restent encore trop peu nombreuses au regard de l’ampleur des besoins. Le rapport de la Cour des comptes souligne qu’à peine 89 établissements accueillent aujourd’hui les enfants abandonnés ou en situation difficile sur un total de 246 structures sociales, soit seulement 36 %. Ces établissements, qui représentent un peu plus du tiers de l’ensemble des structures de protection sociale, souffrent de nombreuses insuffisances : capacité d’accueil limitée, dépendance financière vis-à-vis de la bienfaisance (51 % des ressources), insuffisance du soutien public (37 %), retards dans le versement des subventions, manque de personnel qualifié, et faiblesse du taux d’encadrement. Le personnel est souvent peu formé — 67 % n’ayant pas dépassé le niveau primaire, et seulement 1 % disposant d’un diplôme universitaire — tandis que 64 % perçoivent un salaire inférieur au SMIG, et 29 % ne bénéficient d’aucune couverture sociale. En outre, des dysfonctionnements structurels persistent, comme l’absence de directeurs qualifiés dans certains établissements, l’absence de règlement intérieur, ou encore la non préparation du budget annuel. Ce déséquilibre budgétaire et organisationnel entrave non seulement la qualité de l’accueil, mais limite aussi fortement le développement d’initiatives associatives complémentaires. Ainsi, le nombre limité d’associations engagées dans la Kafala pourrait s’expliquer, au moins en partie, par un contexte institutionnel et économique peu propice, plutôt que par un manque d’intérêt de la société. Pour faire face à cette réalité, selon les associations déjà existantes, il est impératif de créer un environnement plus favorable à l’initiative associative, en assurant un accompagnement juridique, des incitations financières pérennes et une politique publique ambitieuse en faveur de la protection de l’enfance.
Face à ces insuffisances, certains établissements portés par des associations structurées montrent qu’un accueil digne est possible. C’est le cas de la Maison d’enfants Lalla Hasnaâ à Casablanca, gérée par l’Association Al-Ihssane. Depuis 30 ans, elle prend en charge plus de 280 enfants de la naissance à 6 ans. Avec une équipe de plus de 180 salariés, l’établissement offre un encadrement complet : soins médicaux, éducation préscolaire, activités ludo-éducatives, et prise en charge spécialisée pour les enfants à besoins spécifiques au centre annexe Baouafi. Malgré un budget mensuel de plus de 600.000 DH, l’association poursuit son action grâce au dévouement de ses équipes et au soutien bénévole.
Autre exemple édifiant, le centre Dar Lamima à Casablanca, géré par l’association Riayate Ibn Sabil. Il accueille une centaine d’enfants jusqu’à l’âge de 18 ans et leur assure un accompagnement global : scolarisation, soutien scolaire, ateliers éducatifs, suivi médical. Lorsque les enfants atteignent leur majorité, le centre prévoit des projets d’insertion ou de formation afin de faciliter leur transition vers une vie autonome. Ce modèle montre l’importance de l’approche individualisée et de long terme.
Malgré l’engagement indéniable des acteurs associatifs, la baisse du nombre d’enfants placés en Kafala ces dernières années interpelle. Selon les associations, la complexité de la loi 15-01 est en cause. Procédures longues, inégalités territoriales dans l’application des règles, absence de suivi post-Kafala, et insécurité juridique pour les Kafils freinent les vocations. Asmaa Benslimane, présidente de l’Association Bébés du Maroc, appelle à une réforme profonde de la législation : uniformisation des procédures, protection des Kafils, simplification administrative, nomination claire d’un deuxième Kafil en cas de décès du premier.
En somme, les associations représentent une forme de solidarité compensatrice car elles jouent un rôle irremplaçable dans la prise en charge des enfants abandonnés, la promotion de la Kafala, la sensibilisation du grand public et la proposition de solutions alternatives comme le placement en famille d’accueil. Toutefois, pour que leur impact soit durable et à plus grande échelle, il est impératif selon ces associations que l’État Marocain développe une politique publique ambitieuse, articulée autour d’un cadre juridique renforcé, d’un soutien financier pérenne et d’un véritable partenariat avec le tissu associatif.
Conclusion
La Kafala, institution centrale du droit marocain, incarne une forme de solidarité unique, ancrée dans les principes Islamiques tout en répondant aux besoins des enfants abandonnés. Distincte de l’adoption plénière occidentale, elle offre une protection juridique et affective sans créer de lien de filiation, préservant ainsi les règles religieuses sur l’héritage et l’identité. Cependant, ce système soulève des défis majeurs selon les associations de protection des enfants marocaines : l’absence de reconnaissance successorale, les difficultés administratives et les obstacles à l’intégration sociale de l’enfant, notamment dans un contexte international où la Kafala n’est pas toujours reconnue.
Les associations marocaines jouent un rôle crucial en palliant les “lacunes” de l’État, en accompagnant les familles d’accueil et en plaidant pour des réformes. Pourtant, leur action reste limitée par un manque de moyens et un cadre juridique insuffisamment adapté. Les disparités entre milieux urbains et ruraux, ainsi que le poids des tabous sociaux, complexifient encore la mise en œuvre effective de cette solidarité.
Alors que le Maroc poursuit ses réformes sociales, la modernisation de la Kafala pourrait concilier tradition et droits contemporains de l’enfant. Une évolution respectueuse des principes islamiques, mais plus inclusive, pourrait passer par l’élargissement des droits du Makfoul (transmission du nom, héritage facilité) et un meilleur encadrement des familles d’accueil. Cette réflexion rejoint d’ailleurs un débat plus large sur l’adaptation des institutions traditionnelles aux réalités sociales actuelles. La Kafala, à l’image d’autres mécanismes juridiques ancrés dans la culture musulmane, pourrait ainsi incarner une synthèse harmonieuse entre valeurs religieuses et droits fondamentaux de l’enfant.
La Kafala, à l’image d’autres mécanismes juridiques ancrés dans la culture musulmane, pourrait ainsi incarner une synthèse entre valeurs religieuses et droits fondamentaux de l’enfant. Une approche équilibrée, associant solidarité communautaire et garanties juridiques renforcées, permettrait peut-être de répondre aux enjeux actuels tout en honorant l’esprit de bienveillance et de protection cher à l’Islam. Et si l’avenir de la Kafala résidait dans une reconnaissance plus forte de l’enfant, non plus comme un « recueilli », mais comme un membre à part entière de la famille d’accueil, sans pour autant remettre en cause les fondements sacrés de la filiation ?
Sources
- ¹ INSAF (Institution de Solidarité avec les femmes) : L’Association INSAF, fondée en 1999 et reconnue d’utilité publique en 2002, œuvre pour la défense des droits des femmes et des enfants au Maroc, en particulier des mères célibataires et des enfants abandonnés. Sous la direction générale déléguée de Nadia Chraibi, INSAF se distingue par son engagement sur deux fronts majeurs : la prévention de l’abandon des bébés et l’accompagnement des mères célibataires. L’association mène des campagnes de sensibilisation pour informer les femmes enceintes et les sages-femmes sur la possibilité d’abandonner légalement leur bébé dans un cadre sécurisé, réduisant ainsi les abandons dans la rue.
INSAF met en œuvre un programme complet d’accompagnement, allant du soutien administratif, juridique, psychologique et médical, à l’autonomisation des mères célibataires, en passant par la réinsertion sociale et professionnelle. Depuis sa création, elle a aidé plus de 10 000 jeunes mères à devenir financièrement indépendantes. L’association joue également un rôle actif dans la lutte contre la déperdition scolaire, le travail des enfants et le mariage précoce, en accompagnant les filles mineures dans leur réintégration scolaire et professionnelle.
INSAF plaide également pour des réformes administratives, comme l’enregistrement immédiat des naissances à l’hôpital et la simplification des procédures judiciaires pour les mères célibataires. Par ses actions de sensibilisation, de plaidoyer et de soutien, INSAF contribue à faire évoluer les mentalités et les lois en faveur des droits des femmes et des enfants.
- ² OSRATY : L’association OSRATY qui signifie “ma famille” en arabe, fondée en 2007 par des familles ayant adopté des enfants par Kafala, est dédiée à la promotion du droit des enfants à grandir au sein d’une famille aimante et sécurisante. Sous la présidence de Mme Fatima EL WAFY, OSRATY se distingue par son engagement envers la Kafala comme alternative à l’abandon des enfants, en particulier en sensibilisant la société et en combattant les tabous entourant l’enfance abandonnée.
L’association met en place des actions de sensibilisation, informe le public sur les avantages de la Kafala et forme les familles d’accueil sur les besoins spécifiques des enfants abandonnés. Elle s’efforce également de réduire le taux de retours d’enfants dans les institutions, qui est malheureusement élevé (environ 20%), en offrant un soutien moral, psychologique et matériel aux parents adoptifs.
OSRATY intervient également en faveur des enfants vivant en institution, en collectant des dons de fournitures scolaires, de vêtements et de peluches, symboles du manque d’affection. L’association assure aussi un soutien scolaire pour ces enfants et organise des projets pour aider les jeunes à s’insérer dans la société, notamment à travers des initiatives d’entrepreneuriat.
En dépit de son engagement, OSRATY fait face à des contraintes financières, reposant principalement sur des dons privés et des subventions ponctuelles, comme celles de l’ambassade de France. L’association continue d’œuvrer pour un meilleur avenir pour les enfants abandonnés, en soutenant à la fois les familles d’accueil et les jeunes sortis des institutions, tout en appelant à un soutien plus conséquent de l’État et de la société civile.
- https://clr.africanchildforum.org/pdf/morocco-second-uncrc-sr_fr.pdf (Convention relative aux Droits de l’enfant, Nations Unies)
- Moi, fils unique de 3 Mamans, Nadia Chraibi
- TelQuel n°212, “Chaotique Kafala”, Nadia Lamlili, 11 février 2006, pages 18 à 20
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