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DESLABLe Laboratoire de recherche en sciences humaines du lycée Descartes de Rabat
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Publications

En quoi la gestion de la crise migratoire liée au conflit russo-ukrainien est-elle révélatrice de la solidarité à géométrie variable des États et des populations d’Europe ?

On mai 12, 2025 by labo recherche Standard

Par Marwa Drissi, Jouhaina El Karroumi, Rim Souali

Introduction 

Après avoir passé près d’un an réfugié à Bordeaux chez une famille d’accueil, Olena et ses trois enfants espèrent retrouver Kiev. Ils sont nombreux, comme la famille Horpenchenko, à avoir décidé de se réfugier en France. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, la France a accueilli près de 114 130 réfugiés ukrainiens entre février 2022 et décembre 2024. Aujourd’hui, la famille Horpenchenko et d’autres souhaitent retrouver l’Ukraine, malgré la guerre qui fait rage. Mais les démarches, notamment administratives, sont longues et rigoureuses. Si la France accueille de nombreux réfugiés ukrainiens, elle est loin d’être seule. Voisine directe de l’Ukraine, la Pologne en reçoit le plus grand nombre : 1 903 100 personnes entre février 2022 et janvier 2025, selon l’UNHCR. Alors que les bombes russes pleuvent sur l’Ukraine, Natasha et son mari Oleskii décident de prendre la fuite avec leurs deux enfants. Ce n’est qu’arrivés à la frontière polonaise, au nord-ouest de l’Ukraine qu’ils font face à la  réalité. Seule Natasha et ses enfants pourront prendre la fuite, Oleskii lui, est contraint de rester par la loi ukrainienne qui exige des hommes aptes au combat à rester combattre pour leur patrie. Une fois en Pologne, Natasha et ses deux enfants se déplacent constamment et habitent avec différents parents, plus ou moins éloignés. 

Bien que les pays européens cherchent un accord harmonieux face à cette crise migratoire, des divergences quant à sa gestion subsistent. Six ans après une importante vague migratoire, marquée par l’arrivée de plus d’un million de personnes principalement originaires de Syrie et d’Irak, une nouvelle crise migratoire – comprise, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, comme des flux migratoires massifs et complexes induits par une crise politique, économique, environnementale, entraînant généralement d’importantes vulnérabilités tant pour les personnes que pour les communautés touchées – se dessine, alors même que l’Union Européenne semble davantage marquée par ses fragilités que par la solidité de son union politique. Cette situation migratoire critique nécessite une coordination et une importante coopération des États européens, qu’ils fassent partie de l’Union Européenne ou non. Dès le début du projet européen, les priorités étaient clairement définies : il s’agissait avant tout de construire une Europe politique, en mettant l’accent sur l’intégration économique. En effet, au départ, la politique sociale n’était qu’un aspect secondaire du projet européen dont les bases, régies par le Traité de Rome, reposaient sur des enjeux économiques. La Commission européenne s’est toutefois vue attribuer trois objectifs sociaux majeurs qui ont par la suite conduit à la création du Comité Économique et Social Européen, gardien des valeurs de l’intégration européenne. Aujourd’hui encore, les dirigeants européens font preuve d’hémiplégie en privilégiant à tout prix la question économique au détriment des enjeux sociétaux auxquels fait face l’Europe. Il y a 11 ans, le président de la BCE, Mario Draghi, s’exprimait déjà à ce sujet : “Le modèle social européen est mort”. 

Cet article s’inscrit donc dans une démarche qui soulève d’importantes questions quant aux fondements mêmes de l’Union Européenne. La gestion de la crise migratoire ukrainienne révèle les difficultés à coopérer des États européens, la fragilité de la solidarité de l’Europe, mettant en lumière les tensions entre ambitions politiques communes et réalités nationales. Face à cette crise, c’est la cohérence même du projet européen, dans ses dimensions sociale et politique, qui se retrouve mise à l’épreuve.

Trois ans après le début de la guerre et dans un contexte géopolitique toujours aussi brûlant, l’aspect social et humain de cette crise semble s’être, dans une certaine mesure, effacé derrière les enjeux économiques et géopolitiques que soulève ce conflit. Aussi, notre article vise à étudier la manière dont la gestion de la crise migratoire liée au conflit russo-ukrainien peut amener à la mise en place de mécanismes solidaires à différentes échelles : européenne, étatique, puis locale, enfin citoyenne. Il questionne l’efficacité de ces actions ainsi que leur pérennité. 

En plaçant la solidarité engendrée par la crise migratoire ukrainienne au cœur de notre démarche et de notre réflexion, il sera alors question d’étayer notre analyse en répondant à la problématique suivante : En quoi la gestion de la crise migratoire liée au conflit russo-ukrainien est-elle révélatrice de la solidarité à géométrie variable des États et des populations d’Europe ? 

Il sera d’abord question, dans un premier temps, de revenir sur la solidarité en tant que principal fondement du projet européen en l’analysant du point de vue des crises migratoires. Ensuite, nous questionnerons la gestion de la crise par les institutions européennes avant de nous pencher sur les mécanismes de solidarité à l’échelle étatique, locale puis citoyenne.

Nombre de réfugiés ukrainiens ayant obtenu l’asile ou une protection temporaire depuis 2022

Source : UNHCR (données disponibles entre novembre 2024 et février 2025)

Axe 1 : La solidarité, principal fondement du projet européen

“Conscients que l’Europe ne se construira que par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait”. Ces mots figurent dans le préambule du Traité de Paris du 18 avril 1951, lequel institue la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Ils puisent leurs sources dans la déclaration Schuman du 9 mai 1950, à travers laquelle le penseur politique français exprime, au Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, sa volonté de redéfinir l’ordre européen en créant un système de coopération multilatéral afin de rendre les Etats dépendants les uns des autres. Le principe de solidarité semble s’imposer comme un élément central à la concrétisation de ce projet. Mais qu’entend Robert Schuman par solidarité de fait ? Selon Alain Anquetil, professeur de philosophie morale à l’ESSCA Ecole de Management, “il s’agissait d’une solidarité de production”, portant sur des intérêts économiques communs. Celle ci visait à soulever en chacun un “devoir moral de solidarité”, lequel serait animé par le souvenir douloureux des deux guerres ayant morcelé le continent. Nous pourrions, au regard de ces éléments, formuler l’hypothèse que cette solidarité avait été pensée dans une dynamique sociale. Or celle-ci s’impose, dans un premier temps, sur le plan économique. “Il fallait commencer par des réalisations concrètes”.

Au lendemain de la guerre, l’Europe est en phase de reconstruction, pour certains de construction. “Le développement économique”, expression utilisée dans le Traité de Paris, s’impose à la fois comme un outil et comme une arme redoutable. Le 25 mars 1957, les six pays européens membres de la CECA, soit la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie et le Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) ratifient un traité à Rome. La Communauté Économique Européenne (CEE) est créée. “L’objectif était de resserrer les liens et de stimuler la croissance économique par l’intensification des échanges”. Il instaure alors un “marché commun basé sur la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux”. En 1968, les droits de douane sont abolis entre les Etats membres. Dès 1973, la CEE s’élargit avec, entre autres, l’adhésion du Danemark, du Royaume Uni, de l’Irlande et de la Grèce (1981). L’hétérogénéité de ces États dément l’hypothèse d’une Europe élitiste, à laquelle serait seulement admise les pays de l’Ouest et renforce l’idée d’assistance mutuelle et d’entraide que l’on associe à la solidarité. La signature des accords de Schengen en 1985 marque l’abolition des frontières entre les Etats membres. Cette mesure prémisse aux flux migratoires, dans un contexte où la solidarité européenne, à l’origine de nature économique, va évoluer vers une solidarité davantage sociale et humanitaire. 

En 1992, le Traité de Maastricht instaure l’Union Européenne. “Il dépasse l’objectif économique initial de la Communauté Européenne et lui donne une vocation politique”. Le 7 décembre 2000, la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne, ratifiée par les Etats membres à Lisbonne, reconnaît une citoyenneté européenne. Le Titre IV de la Charte,  intitulé “Solidarité” place ce principe au cœur des préoccupations de l’union récente. “Les peuples d’Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes”. Ces derniers ont de fait le droit à l’information, à la négociation et aux actions collectives, à la protection en cas de licenciement injustifié, à des conditions de travail justes et équitables, à la sécurité sociale et à l’aide sociale etc. La dimension quasi universelle de ces principes est marqueur de changement et de progrès sociaux, notamment dans les pays ne disposant pas d’une législation forte pour garantir les droits individuels et collectifs, comme la Grèce et l’Irlande. Un “carrefour des solidarités est créé” entre “les peuples des Etats membres, entre les Etats membres, entre l’Europe et les pays d’outre-mer, entre les générations, entre les peuples du monde et entre l’Union et ses Etats membres”.  

Les démarches menées par les États membres peuvent difficilement susciter des critiques recevables dans la mesure où elles visent à fonder un vaste territoire au sein duquel les peuples vivraient en paix dans un esprit de fraternité. Mais les traités ratifiés et les engagements mutuels vont être mis à l’épreuve peu de temps après leur formulation, notamment les accords de Schengen. Le 26 décembre 1991, l’URSS éclate. L’ordre géopolitique mondial est bouleversé. L’Europe est redéfinie avec la création de nombreux Etats qui proclament tour à tour leur indépendance. Ce déséquilibre précipite la chute de l’État de Yougoslavie et donne lieu à quatre guerres majeures. D’une violence de grande ampleur, elles vont être source de flux massifs de réfugiés. Mirjana Morokvasic nous donne des indications supplémentaires concernant cet exode. Dans son article intitulé “La guerre et les réfugiés dans l’Ex Yougoslavie”, paru dans la Revue Européenne des Migrations Internationales, elle écrit: “plus de deux millions de personnes en provenance des zones en conflit (…) ont pris le chemin de l’exil (…) Ils avaient pu compter sur la solidarité de la population locale : plus de 80% des réfugiés ont d’abord été accueillis dans des familles”. A l’échelle intraétatique, les mécanismes d’entraide semblent fonctionner tel un moteur. On accueille, protège, soigne et nourrit. Mais la solidarité mutuelle entre les États membres peine à se mettre en place, en l’absence de réelles mesures incitatives prises par la Commission. Mirjana Morokvasic conclut l’introduction de son article en écrivant : “La capacité des Européens à se montrer solidaires avec ceux qui frappent à leur porte est à l’épreuve”. La solidarité européenne promise n’a-t-elle qu’un caractère théorique ? 

Cette première crise migratoire invite à des débats. Vingt ans plus tard, ce schéma semble se reproduire. La guerre en Ukraine soulève la question de la solidité des traités et met en lumière les limites de la coordination entre les acteurs européens. Ce sujet nous invite à étudier la question de la solidarité européenne sous l’angle institutionnel. Aussi, la suite de la démonstration étudiera les actions prises par la Commission Européenne pour veiller à l’application des traités européens. 

Axe 2 : La gestion de la crise migratoire ukrainienne à l’échelle des institutions européennes

Au sein de l’Union Européenne, les politiques, qu’elles soient d’ordre économiques, sociales ou politiques sont gérées à différentes échelles. L’Union Européenne dispose notamment d’une compétence exclusive sur l’union douanière, la politique monétaire pour les pays de la zone euro et la politique commerciale commune. Certaines compétences sont partagées entre les Etats et les institutions européennes. Ce partage s’articule autour de la politique sociale, de la cohésion économique, sociale et territoriale, de l’espace de liberté, de sécurité et de justice, de la santé publique et enfin de la coopération au développement et à l’aide humanitaire. In fine, l’UE dispose de compétences d’appui pour soutenir, coordonner et compléter les actions des Etats membres dans le domaine de l’éducation et de la formation, de la protection civile et de la coopération administrative. Ce partage des compétences permet de maintenir un équilibre entre souveraineté nationale et délégation du pouvoir à une instance supranationale. L’asile et l’immigration relèvent de la compétence partagée. L’Union Européenne définit les modalités selon lesquelles les citoyens des pays tiers peuvent entrer dans l’Union Européenne. Néanmoins, l’application des directives européennes relèvent de la compétence nationale et varient selon les Etats. Durant notre phase de recherche, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Raffaella Greco Tonegutti, responsable des programmes de recherche sur la migration à la Commission Européenne jusqu’en 2017, qui nous a fourni de précieux éléments d’explication concernant le partage des compétences au sein de l’Union Européenne et les échelons multiscalaires de ce système. 

Lors de la crise ukrainienne, la Commission Européenne, organe exécutif de l’Union Européenne, s’est positionnée comme catalysatrice de cette crise en proposant au Conseil d’activer le mécanisme Integrated Political Crisis Response, soit le dispositif intégré de réponses aux crises, mis en place pour la première fois en 2015 lors de la crise des réfugiés syriens. Il a pour objectif de coordonner la prise de décisions entre les acteurs européens, notamment les institutions de l’UE, les États membres concernés et les groupes d’experts . Cet outil est aujourd’hui en “mode d’activation totale” pour répondre à la crise ukrainienne. Cette mobilisation se traduit par un point de contact central, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, au sein du centre de coordination de la réaction d’urgence de la Commission, pour assurer la liaison avec les principaux participants. Des tables rondes sont également organisées pour éclairer la prise de décision politique et des rapports sont rédigés continuellement pour soutenir le principe de transparence d’information et de partage des connaissances . Il est important de souligner que l’IPCR repose sur la clause de solidarité (article 222 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne), qui “offre à l’Union Européenne (UE) et à ses États membres la possibilité de fournir une assistance à un autre pays de l’UE victime d’une catastrophe naturelle ou humaine” . A cette disposition s’ajoute le mécanisme de protection temporaire, activé le 4 mars 2022 par le Conseil de l’Union Européenne. Ce dispositif vise à “assurer une protection internationale immédiate mais temporaire en faveur des personnes fuyant la guerre en Ukraine” . Prévu pour une durée d’un an, ce mécanisme a été prolongé et est aujourd’hui en application depuis trois ans, symbole de l’engagement européen envers les populations ukrainiennes. Néanmoins, l’on ne sait pas aujourd’hui si ce dispositif va être poursuivi, soulevant ainsi la question de la réflexion menée par les institutions européennes pour envisager des solutions à long terme en matière d’accueil des ukrainiens. 

Les trois institutions de l’Union Européenne, soit le Commission Européenne, le Parlement Européen et le Conseil Européen, se sont révélées d’une grande efficacité. La mobilisation de ces acteurs européens envers l’Ukraine sur le plan juridique a été immédiate et leur soutien sans faille. Selon Théo Verdier, co-directeur de l’Observatoire Europe de la Fondation Jean-Jaurès, et Ophélie Omnes, avocate en droit européen et affaires publiques, “l’Union Européenne a pris la tête du mouvement de riposte diplomatique et économique à l’invasion russe”. Au total, le soutien de l’UE à l’Ukraine depuis le début de la guerre d’agression de la Russie s’élève à près de 144 milliards d’euros. Les actions de soutien visent à rétablir une situation économique propice à la reconstruction du pays, notamment en veillant à ce que l’Ukraine puisse maintenir ses routes commerciales mais aussi, et surtout, établir un “couloir de solidarité UE-Ukraine” . Le programme rescUE a débloqué depuis le début de la guerre une aide de 180 millions d’euros pour fournir aux ukrainiens du matériel médical. A cela s’ajoute le mécanisme de protection temporaire qui confère aux personnes déplacées fuyant la guerre en Ukraine certains droits dans l’UE, entre autres des titres de séjour, un accès à l’éducation pour leurs enfants et au marché du travail et le droit à la santé. On estime qu’environ 4 millions d’ukrainiens ont été accueillis au sein des Etats membres depuis le début de la guerre. Ainsi, la solidarité à l’échelle des institutions européennes s’est illustrée par un soutien économique mais aussi social et humanitaire. Cette diversité d’action vise à répondre au mieux aux besoins des populations. 

Les discours sont relativement unanimes. L’Union Européenne a fait preuve d’une solidarité exceptionnelle lors du déclenchement de la guerre. L’exemplarité de l’UE atteste de la volonté d’unifier le territoire européen, en gardant en ligne de mire la motivation première du projet européen : maintenir la paix sur le continent. La Commission a joué un rôle non négligeable, en coordonnant les actions afin de garantir leur efficacité.  

“Lors de son séjour à Kiev, Ursula von der Leyen a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires ukrainiens”

Alexandra Brzozowski, Euractiv.com

Mais aujourd’hui, la guerre en Ukraine semble prendre l’allure d’une guerre d’usure. Début février 2024, Volodimir Zelensky déplorait, selon Vincent Collen pour les Echos, “l’érosion de la solidarité au quotidien” envers son pays. Dans les pays frontaliers à l’Ukraine, notamment l’Allemagne et la Pologne dont le soutien envers les réfugiés ukrainiens était remarquable, l’opinion publique semble désormais moins favorable à une aide d’aussi grande ampleur envers le pays en guerre. Toujours pour la même plateforme, le journaliste illustre ses propos par des données. “Si les Européens y restent très largement favorables (71 %), cet appui flanche nettement (ils étaient 86 % il y a deux ans). Et la proportion est plus faible dans les pays les plus concernés, ceux qui ont accueilli massivement les réfugiés comme l’Allemagne (64 %) et la Pologne (60 %)” . 

En juin 2024, les résultats des élections européennes laissent à penser que cette réticence va s’accroître. Pour un total de 720 sièges, 188 ont été remportés par le groupe du Parti populaire européen (Démocrates – Chrétiens), 77 par le groupe Renew Europe et 78 par le groupe des Conservateurs et Réformistes européens. La montée de ces courants souverainistes, en priorisant traditionnellement la souveraineté nationale à toute autre forme de gouvernance et de solidarité, représente une menace pour la solidarité européenne. Alors que ces partis se sont positionnés contre l’accueil des réfugiés syriens et irakiens durant la crise de 2015-2016, ces mêmes acteurs politiques européens ont été au départ bien plus frileux à rejeter l’immigration ukrainienne face à au choc qu’a provoqué l’invasion russe auprès des populations européennes notamment les plus âgés, secouées par la menace d’une guerre revenue en terrain européen. Mais face à l’enlisement du conflit, la solidarité européenne envers les ukrainiens n’est plus une priorité pour de nombreux partis européens, qui suivent de près le désintérêt d’une partie des Européens comme les chiffres ci-dessus semblent le confirmer. Le 22 janvier 2024, selon un article intitulé “Le grand déplacement” paru dans Le Monde diplomatique, des centaines de manifestants ont protesté dans les rues de la capitale allemande contre la révélation d’une réunion secrète conviant des membres du parti d’extrême droite l’Alternative pour l’Allemagne. Au cours de cette réunion, le projet d’expulser deux millions d’étrangers avait été évoqué .  La question migratoire est de nouveau au cœur des agendas politiques, permettant d’asseoir le discours identitaire. En 2011, Martine Hurard écrivait déjà, à l’occasion d’un Think Thank pour la solidarité européenne, “ Les solutions proposées par les partis populistes sont la fermeture des frontières, l’arrêt de l’immigration, la remise en cause de la liberté de circulation et plus globalement des acquis de Schengen”. Elle ajoute : “La défense de l’identité nationale est au cœur du rejet de l’immigration”. Les acteurs de ces courants creusent tout d’abord des fossés à l’échelle étatique. En France par exemple, les partis se déchirent sur la loi immigration du 26 janvier 2024. Mais cette menace pèse d’autant plus que ces mêmes idées sont aujourd’hui portées par des acteurs européens au sein des institutions européennes. Comment croire en l’application des traités lorsque certains membres élus de ces institutions censées les appliquer rejettent les valeurs qui en faisaient le cœur et qui leur donnaient sens ? 

La solidarité européenne est aujourd’hui à l’épreuve de la réalité politique. Au sein même des institutions européennes des dissensions apparaissent. Le pacte européen sur la migration et l’asile, adopté en mai 2024 en est le parfait exemple. Ce dispositif réforme dans son entièreté le cadre européen pour la gouvernance de la migration et de l’asile. Selon une analyse des contributeurs du site La Cimade, la lourdeur procédurale de cette réforme “cristallise les divergences entre États membres et pose la question de l’applicabilité concrète de ses dispositions” . Ségolène Barbou des Places, chercheuse pour l’institut de recherche en droit international et européen de la Sorbonne, confirme cette idée. Elle explique que ce pacte vise à “tout faire pour que les migrants n’arrivent pas sur le territoire européen”. Il ne semble pour l’instant pas s’appliquer aux réfugiés ukrainiens, aujourd’hui couverts par leur statut de protégés humanitaires internationaux. Ce pacte rationalise les mesures en matière d’immigration mais n’introduit pas de principe d’équité entre les pays. Cette absence de coordination et de révisions substantielles du règlement de Dublin prémisse à un durcissement des mesures en matière d’immigration. En effet, les pays situés en première ligne, tels que l’Italie ou la Grèce vont de facto être incités à limiter l’entrée de migrants sur leur territoire. A cela s’ajoute le poids des procédures de ce pacte qui conserve aujourd’hui un caractère quelque peu théorique. Malgré le caractère innovant des aides envisagées pour être solidaire de l’Ukraine, la complexité des procédures freine l’efficacité des mesures. 

“Plusieurs sources, dont l’Organisation internationale pour les migrations, ont constaté des discriminations envers certaines personnes d’origine africaine ou asiatique, refoulées à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne”, Ossama Hajjaj

Cette évolution de la perception des réfugiés ukrainiens et de leur prise en charge atteste de la solidarité à géométrie variable de l’Europe. Les décisions verticales de la Commission s’opposent dans une certaine mesure aux contextes géopolitiques particuliers des pays, à leurs différentes traditions d’accueil et à la présence des communautés diasporiques ukrainiennes installées de longue date, disposant parfois de la nationalité de l’un des pays membre de l’Union Européenne. A ces discours sont corrélés des enjeux économiques, politiques et sociaux. Ainsi, ce sujet permet de soulever la question des intentions qui animent les pays aujourd’hui dévoués pour l’accueil des ukrainiens. Sont-ils habités par un sentiment de devoir moral ou agissent-ils par intérêts? 

Axe 3 : Les mécanismes de solidarité  à l’échelle étatique

Les exemples de la France et de la Pologne

Afin d’étudier de manière concrète les mesures mises en place par les États européens, nous avons décidé de nous appuyer sur deux exemples, celui de la France et celui de la Pologne. La position géographique de la Pologne par rapport à l’Ukraine la place en première ligne de l’accueil des réfugiés fuyant la guerre. Elle a ainsi dû réagir dans l’urgence, en mobilisant d’abord la société civile avant de structurer progressivement ses politiques d’intégration à travers des dispositifs nationaux et européens. La France, quant à elle, bien que plus éloignée géographiquement, s’est rapidement positionnée en faveur de l’accueil des déplacés ukrainiens, en activant plusieurs outils juridiques et logistiques à l’échelle nationale et européenne. 

En France comme en Pologne, l’arrivée massive de réfugiés a nécessité la mise en place de dispositifs d’intégration et de mécanismes de solidarité pour faciliter la gestion de la crise migratoire par les États d’Europe, mais aussi pour permettre aux ukrainiens (mais également parfois aux russes et biélorusses) de s’intégrer au mieux dans les pays d’accueil. Cette partie ne liste pas l’ensemble des mesures prises par la Pologne et la France concernant la gestion de la crise migratoire liée au conflit russo-ukrainien, elle évoque les principaux mécanismes de solidarité mis en place par ces deux États européens et cherche à dresser un bilan de ces politiques. 

L’exemple de la France 

Face à l’arrivée massive de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre, la France a déployé un ensemble de mesures pour répondre à l’urgence humanitaire. Entre aide directe en Ukraine, mobilisation des institutions nationales et application de mesures européennes exceptionnelles, l’accueil des déplacés a mis à l’épreuve les capacités logistiques et la cohérence des politiques d’intégration de l’État français.

La solidarité de l’État français envers l’Ukraine ne se limite pas à l’accueil des réfugiés sur son sol, elle s’incarne d’abord dans l’aide directe apportée au peuple ukrainien resté en Ukraine par le biais du Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Le CDCS a coordonné tout un ensemble d’actions concrètes de soutien à l’Ukraine depuis le début du conflit. 

Le CDCS agit sur plusieurs domaines : l’aide médicale et alimentaire, l’aide aux déplacés, la sécurité civile, le transport, l’énergie, le déminage civil, la réhabilitation d’infrastructures ainsi que la lutte contre l’impunité. En ce qui concerne l’aide aux déplacés par exemple, la France a fourni via ce dispositif 11 000 kits d’hygiène, 1 000 tentes, 2 250 tapis de sol, 2 000 kits cuisine, 7 000 couvertures ainsi que 1 500 lits et sacs de couchage.

Cette solidarité s’est également particulièrement illustrée lors de la Conférence internationale du 13 décembre 2022, organisée à Paris à l’initiative conjointe de la France et de l’Ukraine. Co-présidée par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelenski, cette conférence a permis de mobiliser la communauté européenne et internationale autour d’un objectif commun : venir en aide, dans l’urgence, à la population ukrainienne. Plus d’un milliard d’euros d’aides ont été réunis – sous forme de dons, de subventions et d’assistance technique – à l’issue de cette conférence. Cette initiative diplomatique a également permis de créer le “mécanisme de Paris”, un outil de coordination solidaire entre bailleurs de fonds, destiné à répondre efficacement aux besoins urgents exprimés par l’Ukraine. 

Dans le cadre de la crise migratoire ukrainienne, la France, à l’instar des autres États membres de l’Union Européenne, a activé, pour la première fois, la directive 2001/55/CE du Conseil, prévoyant un mécanisme exceptionnel de protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées. Ce dispositif, jusque-là resté inappliqué, vise à mettre en place une réponse rapide et coordonnée face à des situations d’urgence humanitaire, telles que les conflits armés ou les violations graves des droits de l’Homme. Il permet aux déplacés, pour une durée maximale de deux ans, de bénéficier d’un titre de séjour, d’un accès à l’emploi, à l’éducation, au logement, aux soins médicaux ainsi qu’à l’aide sociale. En outre, il garantit le droit au regroupement familial pour préserver l’unité des familles dispersées au sein de l’UE. En adoptant cette mesure, on peut se demander si la France a réellement fait preuve de solidarité envers l’Ukraine ou s’il s’agissait simplement de l’application d’une directive européenne. La France a donc saisi l’opportunité de faire preuve de solidarité envers l’Ukraine tout en respectant ses engagements européens. De plus, cette mobilisation soulève une autre question majeure : pourquoi un tel mécanisme n’a-t-il pas été activé lors de crises migratoires précédentes, notamment celle des réfugiés syriens et irakiens? Cette asymétrie dans l’application des directives européennes de solidarité révèle une géométrie variable dans l’accueil des réfugiés, probablement conditionnée par des considérations géopolitiques et culturelles. En effet, les ukrainiens sont plus proches culturellement des français, ils sont européens et chrétiens, tandis que les syriens sont arabes et musulmans. L’opinion des populations européennes face aux réfugiés varie donc selon l’origine géographique, culturelle et religieuse de ces derniers. 

Un autre élément essentiel de l’aide aux réfugiés ukrainiens est l’éducation des enfants ukrainiens et l’enseignement du français pour les réfugiés. Dès mars 2022, les ministres européens de l’Éducation ont mis en place une task force afin de coordonner l’intégration scolaire des enfants ukrainiens. En France, le ministère de l’Éducation nationale a activé plusieurs dispositifs spécifiques pour faciliter la scolarisation et l’apprentissage du français. Un espace de formation dédié a été conçu sur la plateforme M@gistère à destination des enseignants, regroupant des ressources pédagogiques, des vidéos et des outils élaborés avec l’aide de professionnels du soin et de la gestion de crise. Ce parcours vise à accompagner au mieux l’accueil de ces élèves en tenant compte de leurs besoins spécifiques. Par ailleurs, un soutien renforcé en français langue étrangère (FLE) est proposé, via des cours intégrés en classe ordinaire ou à travers des dispositifs complémentaires comme ceux du CNED. L’effort d’intégration ne se limite pas aux enfants : les parents sont également impliqués grâce au programme « Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants », en partenariat avec le ministère de l’Intérieur. Il est également important de noter que certains sites sont en partie traduits en ukrainien pour faciliter la compréhension des réfugiés. C’est le cas de la page “Accueil et scolarisation des enfants ukrainiens” du site du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. 

En ce qui concerne l’aide au logement ainsi que les aides financières, la France a mis en place un ensemble de dispositifs financiers pour accompagner l’accueil des réfugiés bénéficiant de la protection temporaire de la directive 2001/55/CE de la Commission Européenne. Parmi ces mesures, l’État a instauré, entre avril et décembre 2022, une aide de 150 euros par mois destinée aux familles françaises hébergeant des réfugiés ukrainiens. Cette aide est valable sous condition d’héberger une famille ukrainienne pendant une durée minimum de 90 jours. Ce soutien, qui devait concerner entre 5 000 et 12 000 foyers selon les estimations gouvernementales, visait à encourager et compenser l’accueil solidaire au sein des ménages. 

Parallèlement, les réfugiés ukrainiens eux-mêmes ont eu accès à l’ADA (allocation pour demandeur d’asile), versée sous forme de carte de paiement, avec un montant de base de 6,80 euros par jour pour une personne seule, auquel s’ajoute un pécule de 7,40 euros pour les demandeurs d’asile qui n’ont pas été hébergés. Les personnes bénéficiaires de ce dispositif peuvent obtenir jusqu’à 426 euros par mois. Cette initiative est un accompagnement à la recherche d’un logement privé ou à l’intégration dans des centres spécialisés. Des mesures analogues ont été prévues pour les ressortissants russes et biélorusses menacés en raison de leur opposition au conflit. 

Ces mécanismes de solidarité présentent néanmoins des limites. Selon le ministère de l’éducation nationale, à la fin de l’année 2022, seulement 60 % des enfants ukrainiens réfugiés étaient effectivement inscrits à l’école en France. L’intégration des adultes est lente, ils peinent à trouver un emploi faute de reconnaissance de diplômes et de barrières linguistiques. Bien que l’arrivée des réfugiés ukrainiens ait connu un véritable engouement au début de la crise, l’engagement institutionnel mais aussi citoyen baisse sur le long terme. 

L’exemple de la Pologne 

Face à l’arrivée de plus d’un million de réfugiés ukrainiens sur son sol, la Pologne s’est trouvée à devoir allier décisions dans l’urgence humanitaire ainsi que décisions politiques à long terme. Si elle a rapidement mobilisé des ressources pour accueillir les déplacés, elle oriente désormais son action vers une intégration plus structurée et durable, en mettant en place des dispositifs solidaires en termes d’aide financière, d’éducation, de logement et d’aide à l’emploi. 

Pour soutenir l’accueil des réfugiés ukrainiens, la Pologne a mis en place un Fonds d’aide national destiné à financer les initiatives liées à leur intégration. Ce fonds est géré par la Bank Gospodarstwa Krajowego (BGK), la banque publique de développement polonaise. En juin 2023, la Banque européenne d’investissement (BEI) a approuvé un prêt de 2 milliards d’euros pour soutenir ce fonds, dont 600 millions ont déjà été versés. Ce soutien financier contribue notamment à l’accès au logement, à l’éducation et aux services sociaux des réfugiés ukrainiens, renforçant la capacité d’accueil de la Pologne.

En ce qui concerne l’éducation des enfants ukrainiens en Pologne, ils étaient initialement scolarisés dans des écoles polonaises. Mais malgré les efforts déployés, de nombreux enfants rencontrent des obstacles à leur intégration dans ces établissements, notamment en raison de la barrière linguistique et des différences culturelles. Certains élèves ont rapporté des expériences d’isolement et de rejet de la part de leurs pairs polonais, les poussant à se tourner vers des écoles ukrainiennes ou l’enseignement à distance. Ainsi, pour répondre aux besoins spécifiques des enfants ukrainiens, des établissements scolaires ont été établis dans l’urgence, tels que celui situé au dernier étage d’un centre commercial à Varsovie, accueillant 500 élèves et 30 enseignants, tous réfugiés de la guerre. Ces écoles suivent le programme du ministère de l’Éducation ukrainien, permettant ainsi une continuité pédagogique pour les élèves. 

Une partie des enfants ukrainiens optent pour l’enseignement en ligne dispensé par des écoles ukrainiennes. Cependant, cette modalité présente des défis, tels que l’absence de reconnaissance officielle des acquis par le système éducatif polonais et le manque d’interaction sociale, essentiel au développement des enfants.

Face à ces enjeux, la Pologne a instauré, à partir de septembre 2024, l’obligation pour les enfants réfugiés ukrainiens de fréquenter les écoles polonaises en présentiel. Les familles ne respectant pas cette obligation risquent de perdre une allocation mensuelle de 800 PLN (environ 190 euros) par enfant de moins de 18 ans. Cette mesure vise à favoriser l’intégration sociale et éducative des enfants réfugiés, notamment dans la perspective où de nombreuses familles ukrainiennes prévoient de s’installer durablement en Pologne.

La politique d’aide financière de la Pologne à l’égard des réfugiés ukrainiens a évolué depuis le début de la guerre. Si le pays continue de garantir certains droits fondamentaux — notamment l’accès au travail, aux soins de santé gratuits et à l’éducation grâce à l’attribution d’un numéro d’identification personnel (PESEL) — les aides directes en espèces ont été réduites. Ainsi, le paiement unique de 300 PLN (environ 70 euros) octroyé initialement aux réfugiés a été supprimé, tout comme les compensations financières accordées aux familles polonaises hébergeant ou nourrissant des ukrainiens. En revanche, les enfants ukrainiens peuvent encore bénéficier de l’allocation familiale de 800 PLN, à condition d’être scolarisés comme les enfants polonais. Malgré ces restrictions, la Pologne a prolongé le séjour légal des réfugiés arrivés après le 24 février 2022 jusqu’au 30 septembre 2025, réaffirmant ainsi une volonté d’accueil sur le long terme.

“Des réfugiés attendent d’être transportés, après avoir traversé la frontière ukraino-polonaise au poste frontière de Medyka, dans le sud-est de la Pologne, le 9 mars 2022”

Louisa GOULIAMAKI, Agence France-Presse

Bilan 

L’accueil des réfugiés ukrainiens par la France et la Pologne témoigne d’une importante mobilisation en Europe, tant sur le plan logistique et politique que moral. Dans les deux pays, des dispositifs d’urgence ont été activés rapidement : hébergement, accès à l’éducation, soutien financier, intégration professionnelle ou encore coordination humanitaire. L’activation de la directive européenne 2001/55/CE a permis une réponse juridique commune, ouvrant un droit de séjour et un accès aux services de base à des millions de déplacés. Cela montre une capacité européenne à agir de manière coordonnée malgré l’urgence qu’impose la situation. 

Malgré une réponse commune dans de nombreux domaines, la manière dont les mécanismes sont mis en place varie. La France a davantage centralisé son action dans le cadre des politiques publiques existantes tandis que la Pologne, en première ligne géographique, a réagi dans l’urgence par une mobilisation populaire massive, avant d’institutionnaliser les aides via un fonds national de soutien et des partenariats européens.

Mais au-delà des mesures, une question fondamentale demeure : ces politiques relèvent-elles d’un réel élan de solidarité de la part des États ou d’un calcul politique et diplomatique ? Le contraste avec la gestion d’autres crises migratoires, notamment celle des réfugiés syriens en 2015, interpelle. À l’époque, ni la directive européenne de protection temporaire ni un tel niveau d’organisation et de solidarités entre les États d’Europe n’avaient été mis en place. Les ukrainiens bénéficient d’un accès immédiat à ces dispositifs tandis que les syriens doivent attendre des délais plus longs. Ces inégalités de traitements entre la crise de 2015 et la crise ukrainienne de 2022 relèvent principalement de l’activation de la protection temporaire en 2022. Les syriens ne sont pas les seules victimes de ces discriminations, c’est également le cas des non-ukrainiens fuyant la guerre. Alors, l’origine géographique, la proximité culturelle, religieuse ou historique des réfugiés semble conditionner la mobilisation des États.

De plus, si l’aide apportée aux ukrainiens répond à des impératifs humanitaires bien réels, elle sert également des intérêts politiques et stratégiques : soutenir l’Ukraine, c’est aussi défendre les frontières de l’Europe, affirmer une unité diplomatique face à la Russie et renforcer les alliances au sein de l’OTAN et de l’UE. 

 La mise en place d’une solidarité à l’échelle locale/citoyenne 

Un an après le début de la guerre, les résultats en termes d’intégration en France des ukrainiens sont assez concluants. En ce qui concerne l’accueil des bénéficiaires de la protection temporaire, fin 2022, environ 15 200 foyers étaient accompagnés par les caisses d’allocations familiales, représentant 20 % des personnes sous protection temporaire, dont près de 9 000 percevaient des allocations familiales et plus de 5 800 des aides au logement. Sur le plan sanitaire, 107 000 personnes avaient été affiliées à la Protection universelle maladie (Puma) au 30 septembre 2022. L’Éducation nationale a intégré 19 236 élèves pour l’année scolaire 2022-2023, avec des efforts notables pour une scolarisation rapide. Concernant l’apprentissage de la langue, environ 4 500 personnes avaient participé à des ateliers sociolinguistiques à la mi-octobre, mais seules 2 547 étaient engagées dans une formation linguistique plus structurée via le Contrat d’intégration républicaine. Si sur ce point, les données sont moins parlantes, cela est dû au fait que l’absence d’inscription dans les écoles résultait, dans les premiers mois du conflit, d’un choix des parents qui avaient la perspective de retourner rapidement en Ukraine. Les enfants réfugiés qui ne sont pas inscrits dans les écoles locales tentent généralement d’étudier en ligne, soit en suivant le programme ukrainien, soit en utilisant d’autres plates-formes d’enseignement à distance.

Depuis le prolongement du conflit, on recense une amélioration sur ce point. Depuis février 2024, près de 21 000 élèves ukrainiens sont arrivés dans les établissements français : 19 % en maternelle, 39 % en élémentaire, 32 % en collège et 10 % en lycée, selon les données du ministère de l’Éducation nationale.

Selon Charlotte Schneider, Directrice des Opérations d’Action contre la Faim, “La crise en Ukraine a engendré l’un des plus gros déplacements de populations en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale”. En conséquence, les besoins humanitaires dans la région ont connu une hausse considérable. C’est dans ce contexte que la gestion de la crise a nécessité un accompagnement des ukrainiens dès l’instant où ils franchissent la frontière, dans l’optique de les accompagner dans leur périple vers l’inconnu.

C’est dans ce contexte qu’a été mis en place le programme humanitaire d’alliances d’urgence, porté par 6 ONG membres: Action contre la faim (ACF), CARE, Handicap International (HI), Plan International et SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. La réactivité des ONG, véritables symboles de cohésion internationale dont le but n’est autre qu’aider les plus démunis, a été l’image parfaite d’une mobilisation citoyenne ayant pour slogan la solidarité. 

Ce programme visait ainsi à soulager les réfugiés et ce, ne serait-ce que quelques heures en intervenant au niveau de la frontière ukrainienne afin d’assurer leurs besoins de première nécessité comprenant la fourniture d’articles alimentaires, d’eau potable et de kits d’hygiène, de cuisine ou d’hiver. 

L’aide apportée inclut également des aides financières sous forme de transferts monétaires à usages multiples, permettant aux ménages de couvrir leurs besoins essentiels ou spécifiques et d’éviter à tout prix de sombrer dans des stratégies d’adaptation négatives, soit des stratégies cognitives ou comportementales pouvant avoir des conséquences négatives comme l’évitement cognitif, la suppression de l’expression et la toxicomanie, lorsque les individus sont confrontés au stress ou à l’anxiété. Lioubov, 72 ans, une habitante de Kherson qui s’est déplacée à Odessa, ville au sud de l’Ukraine, témoigne: “Tous les jours et toutes les nuits, les projectiles tombaient sur Kherson. Les fenêtres de notre balcon ont été brisées par des débris. L’appartement de notre fille, qui était à proximité, a également été endommagé. (…)  C’était trop effrayant de vivre dans ces conditions. Mon système nerveux ne le supportait plus.” , mettant ainsi en lumière le besoin imminent des ukrainiens à l’accès à un soutien psychologique.

Des soins de santé, incluant la santé mentale, ont dans ce contexte été également proposés par les ONG participant à ce programme, englobant ainsi les soins primaires, la santé mentale, le soutien psychosocial, la réadaptation physique et fonctionnelle, ainsi que la distribution de matériel médical, de médicaments; faisant de l’engagement des associations humanitaires et de ses membres un témoin à lui seul d’une grande solidarité envers les réfugiés ukrainiens qui surpasse ce qui aurait pu être imaginé. 

L’exemple de l’ONG ACF reste assez marquant dans ce contexte lorsque l’on s’imagine qu’entre mars et décembre 2022, 100 employés dont 60 % de femmes ont été mobilisés, permettant d’apporter une aide à 480 716 personnes. Parmi ces dernières, 132 874 ont pu bénéficier de programmes en sécurité alimentaire, incluant des distributions de nourriture, d’eau potable et d’aides financières pour couvrir les besoins urgents ; 31 238 ont pu recevoir des kits d’hygiène ; 250 000 ont vu leur accès à l’eau garanti tandis que 66 604 ont été soutenues dans le cadre de projets de santé, notamment en santé mentale et en soutien psychosocial. En plus de l’aide directe apportée aux citoyens, ACF a également contribué au renforcement de l’assainissement et à l’équipement de l’agence gouvernementale responsable de l’alimentation en eau, afin de réhabiliter les infrastructures endommagées par les frappes aériennes. Au total, entre mars 2022 et décembre 2024, ce sont près de 960 000 personnes qui ont pu bénéficier de l’aide d’ACF sur un total de 3 millions d’ukrainiens ayant besoin d’une aide humanitaire. En réalité, l’aide humanitaire apportée au réfugiés représente l’une des nombreuses facettes d’une solidarité enclenchée dès le début de la guerre, et à laquelle, en plus des ONG, plusieurs membres de la société civile ont de même participé. Cette solidarité représente l’essence même d’un acte tout à fait désintéressé, ayant pour seul objectif l’aide d’autrui. 

Après avoir franchi la frontière, les ukrainiens se retrouvent suivant les cas dans l’un des pays suivants: la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie ou encore la Moldavie. Chacun d’entre eux est alors confronté à un choix: poursuivre son chemin vers un autre pays ou s’installer dans le pays où il se trouve. En réalité, peu importe leur choix, pour la Pologne, membre de l’UE depuis 2003, un citoyen ukrainien reste avant tout une personne aux moyens limités qu’elle a le devoir d’aider, et ce outre son désir de s’installer de manière permanente ou ponctuelle sur son sol. 

Ainsi, en Pologne, en parallèle de l’effort mis en place par le gouvernement dans le but d’aider les ukrainiens, les citoyens ont eux aussi témoigné, dès le début de la guerre en février 2022, d’un engagement sans faille en faveur de ces réfugiés. C’est plus de 70 % des adultes polonais qui se sont engagés d’une manière ou d’une autre pour soutenir les réfugiés ukrainiens. Parmi eux, environ 7 % ont offert un hébergement, une chambre ou un appartement entier. Ainsi, plusieurs centaines de milliers de familles ukrainiennes ont trouvé refuge, non pas dans des camps, mais chez des particuliers. Cet élan de solidarité sans précédent a rapidement attiré l’attention internationale, propulsant la Pologne et, plus particulièrement, le peuple polonais, au rang de modèle de fraternité et d’humanité face à la crise ukrainienne. Outre la garantie de l’accès au logement, on note par ailleurs que 59 % des polonais se sont engagés dans l’achat de produits de première nécessité, et que 53 % ont versé de l’argent au profit des réfugiés. Les polonais auraient alors consacré, durant les trois premiers mois, jusqu’à 2 milliards d’euros pour soutenir les Ukrainiens fuyant la guerre.  Les villes comme Lublin sont même allées jusqu’à organiser des comités d’aide au lendemain de la crise, offrant une assistance 24h/24, y compris des services juridiques et de traduction. Etat et citoyens se sont parfaitement coordonnés; dans les villes polonaises que ce soit Krakow, Varsovie ou encore Poznań, il n’y avait pas de camps de réfugiés ni de personnes visiblement sans abris. Le témoignage d’un travailleur  social à Varsovie ne fait que renforcer cette belle coordination: “Les pays civilisés ne laissent pas les femmes et les enfants dormir dans la rue.” Ce modèle inné a suscité la curiosité mais surtout l’admiration de nombreux pays, faisant de l’exemple polonais un véritable modèle de solidarité.  

Assez vite et assez naturellement, les réfugiés ukrainiens ont pris conscience de l’impossibilité de rester pris au piège indéfiniment dans cette condition de réfugié. Ils étaient pour la plupart accompagnés d’enfants en bas âge qui devaient impérativement réintégrer le système éducatif afin de ne pas trop prendre de retard. De la même manière, bon nombre d’adultes se sont également empressés de trouver un emploi. Le témoignage de Natalia Rovytska, réfugiée ukrainienne en Pologne au début de la guerre, n’est qu’une preuve supplémentaire, appuyant la nécessité pour ces populations de sortir de la torpeur, inhérente aux affrontements dans leur pays, dans laquelle ils étaient jusque là plongés: « J’ai un sentiment de gratitude. Je suis venue en Pologne et une famille m’a accueillie et m’a intégrée. Je ne connaissais pourtant pas ces gens. Nous savons que personne ne nous doit rien, nous devons gagner notre propre argent et c’est pourquoi nous travaillons. Nous savons aussi que nos enfants représentent l’avenir. » 

Afin de mieux saisir l’ampleur de l’accueil en Pologne, il est pertinent de comparer ces données à la population ukrainienne d’avant-guerre. Alors que les réfugiés ukrainiens en Pologne représentent plus de 4 % de cette population, ils en représentent environ 0,25 % en France. Pour autant, les efforts de cet Etat et des citoyens français dans la garantie de l’intégration ukrainienne n’étaient pas insignifiants.

La France n’est pas l’un des pays accueillant le plus de réfugiés ukrainien. En réalité, la plupart d’entre eux ne sont sur le sol français que pour une durée déterminée dans l’espoir d’aller vers d’autres pays ou même de retourner en Ukraine. En effet, la France ne constitue pour la majorité des ukrainiens qu’une passerelle ou un biais pour ensuite s’installer de manière plus permanente dans d’autres pays, notamment l’Espagne ou le Portugal, où les ukrainiens étaient déjà historiquement installés pour des raisons de facilité d’accès au marché du travail ou encore au Canada où la diaspora ukrainienne était déjà présente avant la crise. Même au vu de ces circonstances, l’État ainsi que ses citoyens ont tout mis en œuvre afin de garantir de bonnes conditions de vie pour celles et ceux qui transitent par le territoire ou encore pour ceux qui ont fait le choix d’y rester. On peut même supposer que c’est parce que leur situation n’était pas permanente que tous ces acteurs se sont autant investis, dans la mesure où ils considéraient encore plus la condition de ces ukrainiens qui n’étaient pas encore au bout de leur périple. Ainsi, si l’Etat a joué un rôle majeur dans l’intégration des fils et des filles de l’Ukraine, c’est également à l’initiative des populations locales françaises que s’est manifestée la solidarité française envers l’Ukraine. 

Motivés par la volonté de venir en aide aux ukrainiens démunis privés d’un grand nombre de leurs droits fondamentaux dans leur fuite déboussolée de la guerre, de nombreux particuliers ont décidé d’accueillir des réfugiés parfois pour quelques jours, quelques semaines voire pour des mois entiers. Ces initiatives, bien qu’initialement portées par les citoyens français de manière spontanée, ont pour la plupart été encadrées par le dispositif d’hébergement citoyen, mis en place par l’Etat. Ce dispositif est instauré dès février 2022 par l’Etat français, à travers la création de la Cellule interministérielle de crise Ukraine (CIC-Ukraine), activée le 9 mars 2022 pour piloter cette réponse nationale dans le but d’accompagner citoyens volontaires comme personnes accueillies, permettant aux ménages ukrainiens déplacés d’être accueillis par des particuliers français, en priorité dans un logement entier, et éventuellement en cohabitation sous réserve de respecter certaines règles spécifiques. Ainsi, nombreux sont les particuliers inspirés par cette belle initiative, qui se sont inscrits sur la plateforme nationale prévue à cet effet afin d’offrir un hébergement dans de bonnes conditions. Environ 17 000 réfugiés ukrainiens ont été accueillis par près de 7 000 hébergeurs dans le cadre de ce dispositif. L’expérience française dans ce cadre a été si concluante que le représentant de l’HCR en France, Paolo Artini, a fait part de la possibilité d’accorder à l’hébergement citoyen un rôle complémentaire plus important dans l’optique de faciliter l’inclusion et la cohésion sociale. Le gouvernement français a par ailleurs, à cette occasion, reconnu que la gestion de la crise de manière générale aurait été beaucoup plus difficile sans l’engagement du peuple français, notamment en matière d’hébergement.

L’élan de solidarité du peuple français ne s’est cependant pas arrêté là. En matière d’emploi, de nombreuses entreprises françaises ont exprimé la volonté d’accueillir toute personne souhaitant et étant déterminée à travailler ayant les compétences et capacités adéquates requises. François Asselin, ancien président de la CGPME a dans ce contexte déclaré: “Les réfugiés ukrainiens sont un atout incroyable pour les entreprises françaises, et les entrepreneurs de tout le pays sont prêts à les former et à les faire s’installer dans le travail “. Pôle emplois, nouvellement France Travail, a dans ce contexte également témoigné d’une volonté d’inclure les déplacés ukrainiens sur le marché du travail français, en lançant dès la fin du mois d’avril 2022 une large consultation pour recenser les demandeurs d’emploi ukrainiens bénéficiaires de la protection temporaire.

Cet acte, véritable témoin de la solidarité des institutions françaises envers les populations ukrainiennes,  revêt également une dimension de volonté d’atteindre des objectifs économiques et sociaux sous-jacents, pour l’Etat français, de lutte contre le chômage et de croissance économique. Les effets de cette initiative se sont ainsi rapidement fait sentir. En 2022, l’année suivant la mise en place de ce recensement, près de 12 000 ukrainiens sont inscrits à Pôle emploi. Environ 2 800 sont en formation, tandis que plus de 12 800 personnes de nationalité ukrainienne ont exercé une activité salariée, ne serait-ce qu’une heure, entre mars et décembre 2022. 

Conclusion 

Vladimir Poutine a proposé d’entreprendre des négociations entre son pays et l’Ukraine lors de son prochain séjour à Istanbul. Celles-ci auront lieu le 15 mai 2025. Cette annonce fait suite à un ultimatum posé par les Occidentaux. A nouveau, L’Europe, aux côtés de ses coopérants, renouvelle son soutien à l’Ukraine en se positionnant comme solidaire du pays en guerre.

Le principe de solidarité émane du projet européen qui s’est construit autour de cette notion et entre les pays partenaires. Mais les textes fondateurs du projet sont ébranlés et fragilisés par des rivalités de puissance dans un contexte de conflictualité exacerbée. La guerre en Ukraine redessine l’Europe et met à l’épreuve ses acteurs, aujourd’hui tiraillés entre la volonté de sauver les efforts de paix entrepris, d’apporter leur soutien aux populations victimes et de préserver leurs intérêts nationaux. Les institutions européennes tentent aujourd’hui de maintenir un équilibre entre ces dimensions qui se chevauchent. Leur engagement est sans faille et s’inscrit dans une réflexion commune autour de la notion de solidarité en mêlant intérêts partagés et devoir moral. Cependant, les résultats de leurs actions manquent parfois d’efficacité et s’effacent derrière les enjeux géopolitiques et économiques que soulève ce conflit et la lourdeur des procédures mises en place. La question de la durée de l’accueil des ukrainiens au sein des Etats européens est également aujourd’hui au cœur des débats et met à l’épreuve la solidarité envisagée, dans un contexte où le conflit prend l’allure d’une guerre d’usure et où le gouvernement ukrainien cherche à rapatrier ses citoyens.

En mettant en application de manière exceptionnelle la protection temporaire découlant de la directive 2001/55/CE de la Commission Européenne, les États européens, notamment la France et la Pologne dont nous avons étudié les exemples dans cet article, ont pu permettre aux réfugiés ukrainiens de jouir d’un certain nombre de droits : aide au logement, accès à des allocations, éducation des enfants… Ces mesures, tant en Pologne qu’en France, s’inscrivent dans une démarche solidaire de la part des États. En revanche, on peut se demander si ces États n’ont pas simplement saisi l’opportunité de venir en aide aux réfugiés ukrainiens tout en respectant leurs engagements européens dans le but de préserver leurs relations diplomatiques. Cette réponse coordonnée face à la crise illustre le rôle des États européens en tant que civilian powers, c’est-à-dire des puissances qui privilégient l’influence diplomatique et humanitaire plutôt que la force militaire. D’un autre côté, pour les États d’Europe, mettre en place ces mécanismes facilitant l’accueil des réfugiés ukrainiens c’est d’une certaine manière soutenir l’Ukraine et surtout affirmer l’unité diplomatique de l’Europe face à la Russie. À partir de ces éléments, il semble difficile de discerner les réels actes de solidarité envers l’Ukraine et les réfugiés ukrainiens des engagements diplomatiques et économiques des États d’Europe. 

En ce qui concerne l’aspect social de la crise, dès les premiers jours du conflit, l’engagement des ONG a constitué l’une des pierres angulaires d’un édifice humanitaire massif, érigé sur les principes de solidarité et d’humanité. Les citoyens, même de manière individuelle et à plus moindre échelle, n’ont eux aussi pas hésité à s’impliquer dans l’accueil de ces réfugiés à travers l’achat de biens de première nécessité, de contribution à l’accès au logement ou encore de participation afin de soulager moralement et psychologiquement les sinistrés.

Alors que l’engagement des citoyens polonais a été le premier à faire parler de lui, du fait de la proximité géographique, les français lui ont rapidement emboité le pas. Au travers de toute l’Europe, c’est un véritable élan de solidarité qui s’est fait sentir et qui a rappelé à tout un chacun qu’au-delà des frontières géographiques, l’humanité subsiste au fond de chacun d’entre nous. La gestion sociale de la crise migratoire ukrainienne demeurera à tout jamais un exemple de fraternité et de solidarité, inspirant les générations futures. A défaut de pouvoir changer le passé et la gestion moins convaincante des précédentes crises migratoires, notamment celle de la Syrie en 2015, il demeure important de prendre l’exemple de l’Ukraine comme base inaltérable pour la gestion de futures crises. 

Bibliographie et sitographie

Introduction : 

[Carte] Les réfugiés ukrainiens dans les Etats membres de l’Union européenne – Touteleurope.eu

Axe 1: 

Répartition des compétences au sein de l’Union européenne | EUR-Lex

https://europeenimages.net/docs/ressources/traite/TRAITE_DE_PARIS_CECA_18_avril_1951.pdf
https://euradio.fr/emission/4qzA-la-chronique-philo-dalain-anquetil/2jRZ-la-solidarite-de-fait-dans-la-declaration-schuman-du-9-mai-1950-la-chronique-philo-dalain-anquetil
https://paris-europe.eu/wp-content/uploads/2021/10/4.-Exposition_UE_Pourquoi_Comment.pdf
https://www.europarl.europa.eu/about-parliament/fr/in-the-past/the-parliament-and-the-treaties/treaty-of-rome
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM:xy0023
https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/le-traite-de-maastricht-1992/
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:12012P/TXT
https://books.openedition.org/putc/232
https://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1992_num_8_2_1319

Axe 2 : 

https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/7/le-principe-de-subsidiarite
https://www.liberties.eu/fr/stories/crisis-response-mechanism/44370
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=LEGISSUM:integrated_political_crisis_response
https://www.jean-jaures.org/publication/guerre-en-ukraine-analyse-de-la-reponse-europeenne/
https://commission.europa.eu/topics/eu-solidarity-ukraine/eu-assistance-ukraine_fr
https://www.lacimade.org/publication/decryptage-du-pacte-europeen-sur-la-migration-et-lasile/
https://pourlasolidarite.eu/wp-content/uploads/2015/05/09_2011_affairessociales_monteedespopulismeseneurope.pdf
https://www.histoire-immigration.fr/les-migrations/l-accueil-des-refugies-ukrainiens-etat-des-lieux
https://www.lesechos.fr/monde/europe/en-europe-la-crainte-dune-lassitude-face-a-la-guerre-en-ukraine-2077632

Axe 3:

Aide humanitaire de la France à l’Ukraine – Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

Protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées | EUR-Lex

ACTION HUMANITAIRE EN UKRAINE DES PARTENAIRES DU CDCS

Accueil et scolarisation des enfants Ukrainiens | Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

https://migrant-integration.ec.europa.eu/news/france-letat-va-verser-150-euros-par-mois-aux-familles-qui-hebergent-des-refugies-fuyant-la_en?utm_source=chatgpt.com
https://www.newsworld.app/fr/poland-mandates-in-person-school-for-ukrainian-refugees-after-remote-learning-20240902?utm_source=chatgpt.com
https://migrant-integration.ec.europa.eu/news/france-letat-va-verser-150-euros-par-mois-aux-familles-qui-hebergent-des-refugies-fuyant-la_en?utm_source=chatgpt.com
https://fr.euronews.com/my-europe/2025/04/24/allocation-de-refugie-voici-comment-les-prestations-destinees-aux-ukrainiens-evoluent-en-e?utm_source=chatgpt.com
https://www.forumrefugies.org/s-informer/publications/articles-d-actualites/en-europe/1518-pologne-un-rapport-etudie-les-obstacles-a-la-scolarisation-des-enfants-ukrainiens

Hébergement Citoyen – La Sauvegarde 

HÉBERGEMENT CITOYEN : 

Vous êtes déplacés ukrainiens, trouvez des informations ici |France Travail 

L’hébergement citoyen des réfugiés ukrainiens en France : une étude du HCR pour tirer les enseignements d’une solidarité exceptionnelle 

https://www.lopinion.fr/international/une-vraie-solidarite-est-de-retour-entre-les-polonais-et-les-ukrainiens

Anticipating return migration to Ukraine: participatory foresight with Ukrainians displaced to Spain | Data & Policy | Cambridge Core

Hébergement Citoyen – La Sauvegarde. 

https://www.medecinsdumonde.org/app/uploads/2024/11/ALLIANCE_URGENCES_RAPPORT_2022-Web.pdf ) 

Page d’accueil
https://www.unicef.org/eca/press-releases/more-half-ukrainian-refugee-children-not-enrolled-schools-poland-unicef-unhcr?utm_source=chatgpt.com

UNHCR (données disponibles entre novembre 2024 et février 2025)
https://theconversation.com/polands-warm-welcome-to-about-2-million-ukrainian-refugees-draws-global-praise-but-it-might-not-be-sustainable-188782?utm_source=chatgpt.com

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